Réévaluation de la stratégie de dépistage des infections à Chlamydia trachomatis

Public Health guideline - Posted on Oct 23 2018

La stratégie de dépistage des infections uro-génitales basses à Chlamydia trachomatis (Ct) en France a fait l’objet de  recommandations de l’Agence nationale d'accréditation et d'évaluation en santé (Anaes) en 2003. Ces dernières préconisaient un dépistage systématique des femmes de moins de 25 ans (scénario 1) ou un dépistage systématique simultané des hommes de moins de 30 ans et des femmes de moins de 25 ans (scénario 2), en précisant que le dépistage pouvait être élargi aux sujets ayant plus d’un partenaire sexuel dans l’année, quel que soit l’âge.

Au regard des nouvelles données épidémiologiques, des  problématiques entourant le dépistage de l’infection à Ct (populations ciblées, fréquence, structures, nouveaux tests diagnostiques, professionnels impliqués) et des questions concernant de la mise en œuvre du dépistage depuis 2003, la Haute Autorité de santé (HAS) réévalue la stratégie de dépistage des infections à Ct, à la demande de la Direction générale de la santé (DGS).

La HAS recommande :

  • Un dépistage opportuniste systématique des femmes sexuellement actives de 15 à 25 ans (inclus), y compris les femmes enceintes ;
  • Un dépistage opportuniste ciblé :
    • Des hommes sexuellement actifs, présentant des facteurs de risque, quel que soit l’âge ;
    • Des femmes sexuellement actives de plus de 25 ans présentant des facteurs de risque ;
    • Des femmes enceintes consultant pour une IVG, sans limite d’âge.

Les facteurs de risque sont : multipartenariat (au moins deux partenaires dans l’année), changement de partenaire récent, individus ou partenaires diagnostiqués avec une autre IST (NG, syphilis, VIH, Mycoplasma génitalium), antécédents d’IST, HSH, personnes en situation de prostitution, après un viol.

Les lieux préconisés pour la mise en œuvre du dépistage sont les CeGIDD, CPEF, SSU et centres d’orthogénie ainsi que les cabinets de médecine générale, gynécologie, sage-femme. L’intensification du dépistage en dehors des centres de dépistage doit s’accompagner d’une offre de formation des professionnels de santé.

Les tests de dépistage recommandés restent les tests d’amplifications des acides nucléiques (TAAN) marqués CE, incluant le duplex Ct/NG pour le dépistage de la co-infection Ct/NG. Chez la femme, l’échantillon vaginal (prélèvement par un clinicien ou auto-prélèvement) est préféré au pré-lèvement urinaire.

Le dépistage doit être répété annuellement en cas de test négatif et de rapports sexuels non pro-tégés avec un nouveau partenaire. En cas de test positif, le dépistage doit être répété à 3-6 mois et tous les trois mois pour les HSH.

L’auto-prélèvement représente une alternative au prélèvement par un professionnel de santé et doit être considéré et proposé dans tous les lieux pour augmenter le taux de recours au dépistage, sans pour autant se substituer systématiquement au prélèvement par un professionnel de santé.

La HAS souhaite insister sur les trois éléments suivants :

  • La mise en œuvre et l’adhésion au dépistage des infections uro-génitales basses à Ct, tel que recommandé, dépendent fortement de la pérennité d’un financement spécifique au dépistage de l’infection à Ct dans les CeGIDD et les CPEF impliqués dans la lutte contre les IST, qui restent un acteur central dans le dépistage. Par ailleurs, la possibilité d’un  remboursement des trois sites de prélèvement (ano-rectal, pharyngé, génito-urinaire) apparait nécessaire.
  • L’intensification de la proposition de dépistage en dehors des centres de dépistage (cabinets de médecine générale, gynécologie, sages-femmes, maison de santé ou encore centre d’examens de santé) doit s’accompagner d’une offre de formation des professionnels de santé à la santé sexuelle, au dépistage et au traitement des IST (incluant des outils spécifiques pour accompagner la mise en œuvre de la stratégie de dépistage). Les modalités de mise en œuvre et de financement de ces formations sont à définir.
  • Des indicateurs de suivi de la mise en œuvre de ces nouvelles recommandations du dépistage des infections à Ct doivent être documentés prospectivement, avec la définition d’un acte spécifique au dépistage de l’infection à Ct.

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