21 octobre 2009

En partenariat avec l’Institut de veille sanitaire, le Centre de recherches économiques, sociologiques et de gestion et le Centre hospitalier de Tourcoing, la Haute Autorité de Santé publie le second volet de ses recommandations sur le dépistage de l’infection par le VIH. Malgré un nombre de tests de dépistage important, il persiste en France un retard au dépistage de l’infection par le VIH. On estime aujourd’hui que près de 40 000 personnes sont infectées et ignorent leur séropositivité.

Dans ce contexte, la HAS recommande une stratégie de dépistage en deux volets. L’un consiste en la proposition du test de dépistage de l’infection par le VIH à l’ensemble de la population âgée de 15 à 70 ans. L’autre prévoit la proposition ciblée et régulière du test de dépistage de l’infection par le VIH pour certaines populations exposées à un risque de contamination ou à caractéristique particulière et dans certaines circonstances.
Enfin, constatant que la Guyane se trouve dans une situation d’épidémie généralisée, la HAS estime primordial de mettre en œuvre des stratégies de dépistage spécifiques et volontaristes reposant sur une proposition régulière de dépistage à l’ensemble de sa population.

A la demande de la Direction Générale de la Santé (DGS), la Haute Autorité de Santé publie le second volet de ses recommandations sur le dépistage de l’infection par le VIH. Le premier volet diffusé en octobre 2008 concernait les modalités de réalisation des tests de dépistage, en particulier la place des tests de dépistage rapides.

Malgré un nombre de tests de dépistage important, il persiste en France un retard au dépistage de l’infection par le VIH. Ce retard se reflète dans la prévalence de l’infection par le VIH non diagnostiquée. On estime aujourd’hui que près de 40 000 personnes sont infectées et ignorent leur séropositivité (fourchette comprise entre 18 000 et 61 000).

L’apparition de nouveaux moyens thérapeutiques ou prophylactiques a renforcé l’intérêt d’un diagnostic précoce au niveau individuel comme au niveau collectif.

Un diagnostic rapide peut permettre l’instauration précoce d’un traitement antirétroviral réduisant par conséquent la morbidité et de la mortalité. Il peut également favoriser la mise en œuvre d’une prise en charge précoce adaptée chez la femme enceinte séropositive réduisant les risques de transmission à l’enfant ou une prévention des infections opportunistes. Enfin, il peut être utilisé comme un outil de prévention et favoriser le changement des attitudes et comportements. D’autre part, le dépistage pourrait réduire les taux de transmission directement par une diminution des pratiques à risque, et indirectement par la réduction de l’infectivité des personnes traitées.

Recommandation de la HAS

La recommandation est fondée sur une revue critique de la littérature et des travaux de modélisation médico-économique réalisés en partenariat avec l’InVS, le Cresge et l’Inserm et sous la direction du Pr. Yazdanpanah.

Devant la persistance d’un retard au dépistage affectant de façon plus particulière certains groupes de population ne se considérant pas comme « à risque », et parce que l’épidémie d’infection par le VIH continue d’atteindre plus particulièrement certains groupes de la population et certaines régions, la HAS recommande la mise en œuvre d’une stratégie de dépistage en deux volets :

  • L’un répond à l’objectif d’améliorer la détection précoce de l’infection par le VIH et de réduire le retard au dépistage. Il consiste en la proposition du test de dépistage de l’infection par le VIH à l’ensemble de la population âgée de 15 à 70 ans, hors notion d’exposition à un risque de contamination ou caractéristique particulière. Elle repose sur la mobilisation active des médecins généralistes et autres acteurs de santé. Les résultats et l’impact de cette stratégie sur la diminution du retard au dépistage devront faire l’objet d’une évaluation après une première période de 5 ans. Il s’agit pour la HAS de modifier le regard porté sur le dépistage de l’infection par le VIH et de promouvoir l’idée que l’amélioration de la connaissance du statut sérologique vis-à-vis du VIH de la population peut être à l’origine de bénéfices importants au niveau individuel comme au niveau collectif.
  • L’autre tient compte de l’hétérogénéité de l’épidémie d’infection par le VIH en France et de la persistance de groupes de population plus particulièrement affectés. Il consiste en la proposition ciblée et régulière du test de dépistage de l’infection par le VIH pour certaines personnes (hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes - HSH), personnes hétérosexuelles ayant eu plus d’un partenaire sexuel au cours des derniers 12 mois, usagers de drogues injectables - UDI, personnes originaires d’une zone de haute prévalence, personnes en situation de prostitution, personnes dont les partenaires sexuels sont porteurs du VIH) et dans certaines circonstances précises.

Concernant la Guyane, la HAS souligne les caractéristiques épidémiologiques particulières de l’infection par le VIH qui placent ce département dans une situation d’épidémie généralisée et insiste sur la nécessité de mettre en œuvre des stratégies de dépistage spécifiques et volontaristes, reposant sur une proposition régulière à l’ensemble de la population du test de dépistage.

Par ailleurs, la HAS rappelle qu’un test de dépistage peut également être proposé à la population générale lors d’un recours aux soins hospitaliers, comme dans le cadre d’une prise en charge préopératoire, à toute femme enceinte au moment de la 1ère consultation prénatale et au cours du 3ème trimestre de la grossesse aux femmes séronégatives exposées à un risque (UDI, femmes en situation de prostitution, partenaires sexuelles de personnes infectées par le VIH, nouveau ou plus d’un partenaire sexuel au cours de la grossesse). La HAS insiste également sur l’importance qu’un test de dépistage soit proposé aux conjoints et futurs pères avant la naissance.

La HAS rappelle que le dépistage de l’infection par le VIH ne peut être conçu comme une intervention de santé publique isolée et qu’il doit être intégré dans une approche préventive globale incluant l’ensemble des infections sexuellement transmissibles et les hépatites B et C de façon adaptée selon les populations à risques.

Par ailleurs, la HAS considère que le recours volontaire au dépistage doit être encouragé et facilité. La démarche volontaire de dépistage doit ainsi demeurer un des piliers du dispositif, reposant notamment sur les médecins généralistes et les CDAG/CIDDIST*.

Enfin, la HAS recommande que la proposition du test de dépistage à la population générale s’accompagne d’une information adaptée, de l’obtention d’un consentement éclairé et d’une appréciation de la capacité de la personne à recevoir le résultat du test. En dehors de ce cadre, une information-conseil personnalisée devra être adaptée aux différents contextes de l’offre de dépistage.

La HAS rappelle que les évolutions recommandées s’inscrivent dans la continuité du dispositif de dépistage de l’infection par le VIH déjà bâti et respectent notamment les principes fondamentaux : de droits de la personne (respect de la confidentialité et possibilité d’anonymat, information adaptée et consentement éclairé) ; d’accessibilité au dépistage (diversité de l’offre de dépistage et gratuité) et de lien avec une prise en charge adaptée ; de démarche volontaire de dépistage.


*CDAG : consultation de dépistage anonyme et gratuit ; CIDDIST : centre d’information, de dépistage et de diagnostic des infections sexuellement transmissibles.

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