25 avril 2024

Selon l’OMS, la vaccination est une des interventions les plus efficaces en termes de prévention. L'adoption des moyens de prévention passe par leur compréhension et leur appropriation par tous. En cette semaine européenne de la vaccination, faites une expérience, demandez aux personnes que vous croisez s’ils savent s’ils sont à jour de leurs vaccins.  Dans la majorité des cas, vos interlocuteurs vous répondront par la négative. Et ils seront encore plus en difficulté si vous leur demandez contre quelles maladies et à quel moment il est recommandé de se faire vacciner. Cette incertitude des personnes sur leur propre statut vaccinal et sur les vaccins recommandés joue un rôle majeur, aux côtés d’autres facteurs, pour expliquer l’insuffisance de la couverture vaccinale chez les adolescents et jeunes adultes ainsi que les personnes de 65 ans et plus en France. Car à l’exception notable des nourrissons, chacun le sait, nos marges de progrès collectives restent importantes.

Des couvertures vaccinales insuffisantes malgré l’adhésion de la très grande majorité des Français à la vaccination 

En France, chez les adolescents de 15-19 ans, la vaccination contre le méningocoque du sérogroupe C n'atteint pas 50% alors que ce taux de couverture dépasse 80% pour les sérogroupes ACWY chez les adolescents néerlandais. Chez les adolescents toujours, la couverture est faible également pour la vaccination contre le HPV, dans l’attente cependant de la publication des données 2023.  

Pour les vaccins qui concernent les personnes âgées de 65 ans et plus, les chiffres sont là aussi décevants. Au cours de l'hiver dernier, seules 54% des personnes de cette tranche d’âge se sont fait vacciner contre la grippe et seuls 30,2% contre la Covid-19, alors que la vaccination est le moyen le plus sûr d’éviter les hospitalisations et les décès causés par ces infections virales. Concernant le pneumocoque, qui touche autant les personnes de 65 ans et plus que les nourrissons de moins de 5 ans les chiffres sont sans appel (2,9%). Quant à la vaccination contre le zona, une maladie dont la fréquence augmente avec l’âge et qui peut se traduire par des douleurs persistantes insupportables particulièrement chez les sujets âgés, seuls 5,1% des plus de 65 ans interrogés savent qu’il existe un vaccin[1] et moins de 5% des personnes concernées sont vaccinées. 

Y aurait-il une exception française ? Une défiance culturelle généralisée à l’égard de la vaccination ? Non. L’adhésion vaccinale est très bonne dans notre pays. En 2023, 84% des personnes interrogées en France métropolitaine déclaraient être favorables ou très favorables à la vaccination en général ; un pourcentage significativement plus élevé que ceux mesurés les années précédentes, en hausse depuis 2019 (74,2 %)[2]. 

 

Un manque d’appropriation du calendrier vaccinal 

Et si les raisons du décalage entre insuffisance de la vaccination et bonne adhésion vaccinale générale étaient à trouver, pour partie, dans le manque d’appropriation du calendrier vaccinal qui, à la différence d’autres moments-clés rythmant nos existences (âge scolaire, majorité, etc.), n’est pas, aujourd’hui, un repère familier pour tout un chacun ?  

C’est un fait. Le calendrier vaccinal est compliqué, en particulier parce qu’il s’est enrichi depuis les années 90 de nouveaux vaccins destinés aux nourrissons mais aussi à des âges jusque-là peu concernés par les vaccins en dehors des rappels de vaccin infantiles (DTcoq-polio). Si ces innovations constituent une très bonne nouvelle pour la protection de la santé de la population, les ajouts successifs ont abouti à un calendrier vaccinal difficilement lisible et encore moins mémorisable que cela soit par le public mais aussi par les professionnels de santé... 

Par ailleurs, tout en se révélant décisives dans la lutte contre le Covid-19, les campagnes de vaccination successives contre ce virus, adaptées régulièrement à des connaissances scientifiques rapidement évolutives ont également pu alimenter un sentiment de confusion.  

Nous en sommes convaincus à la HAS, il est essentiel que chacun puisse comprendre facilement pourquoi, comment et quand il est important de se faire vacciner. Les institutions publiques, à commencer par le ministère chargé de la santé et Santé Publique France, y œuvrent par leurs actions de sensibilisation et de communication auprès du public et des professionnels. Cependant, à la racine, un calendrier vaccinal plus simple, compréhensible et mémorisable ne pourra qu’aider à son appropriation par chacun, et donc à augmenter la couverture vaccinale des Français. 

 

Redonner du sens au calendrier vaccinal en raisonnant par âges-clés de la vie 

La HAS a un rôle à jouer. Elle a la responsabilité d’émettre des recommandations vaccinales à l’attention du ministère chargé de la santé. La HAS élabore ces recommandations, en toute indépendance, sur les bases scientifiques les plus rigoureuses.  

Cette rigueur est la garantie de la qualité des recommandations et de la confiance du public. Elle est parfaitement compatible avec les objectifs de simplicité, de bonne compréhension et donc d’appropriation par celui-ci.  

Pour atteindre ces objectifs, la HAS entend s’appuyer sur des « âges-clés » de la vaccination, qui sont les moments de la vie où la personne est plus vulnérable aux infections.  

Le nourrisson, d'abord, particulièrement sujet à des infections répétées, comme le savent tous les parents. Et pour cause, son système immunitaire est immature. Il rencontre pour la première fois un grand nombre de bactéries et de virus inconnus de ses cellules de défense contre les infections. 

L’adolescent, de 11 à 14 ans, ensuite, qui doit être protégé préventivement. Sa vulnérabilité face à certaines infections potentiellement graves (HPV, méningocoques) n'est pas due à un système immunitaire défaillant mais aux interactions sociales qui vont se multiplier entre 15 et 25 ans (entrée au lycée et en études supérieures et début de la vie sexuelle notamment) 

La personne âgée de 65 ans et plus enfin, qui est plus fragile face aux infections bactériennes (pneumocoque) et virales (grippe, covid, zona et VRS) en raison d’une diminution progressive de son immunité cellulaire appelée « immunosénescence ». 

Enfin n'oublions pas la grossesse qui constitue aussi un moment clé pour un bilan vaccinal, du fait de la fragilité de la mère à certaines infections (grippe, covid) et du nouveau-né avant 1 an (coqueluche et covid).  

 

Récentes contributions de la HAS à la simplification du calendrier  

Outre l’ensemble des données nécessaires à son travail scientifique sur les stratégies vaccinales (données épidémiologiques, d’immunogénicité, d’efficacité vaccinale, etc.), la HAS entend tenir compte de ce raisonnement par « âges-clés » de la vaccination. 

Chez les nourrissons, la HAS recommande ainsi une obligation vaccinale couvrant non plus le seul méningocoque C, mais les méningocoques B et ACWY, afin de couvrir toutes les souches responsables des infections invasives avant 5 ans. 

Chez l'adolescent de 11-14 ans un vaccin contre les méningocoques A, C, W, Y permettra de le protéger contre les méningites mais aussi d'éviter qu'il transmette le méningocoque, car à cet âge il est dans 10 à 20% des cas porteurs de cette bactérie dans la gorge sans avoir de symptômes. L'âge de 11-14 ans est aussi celui du vaccin contre les HPV, ce qui permet de faciliter la mise à jour du calendrier vaccinal. 

Chez les 65 ans et plus, aux vaccins grippe et covid s'ajoute maintenant un nouveau vaccin contre le zona.  

L’objectif, en simplifiant par tranche d’âge à chaque fois que c’est possible, est de permettre à chaque citoyen d’être lui-même actif dans le suivi de ses vaccinations, laissant la mission au médecin de gérer les aspects plus complexes, tels que les cas particuliers liés aux comorbidités ou le rattrapage vaccinal à des âges ultérieurs.  Cette simplification facilitera également l’utilisation des vaccins combinés de plus en plus nombreux à émerger (Grippe-Covid-19-VRS par exemple), qui peuvent aussi concourir à l'obtention de couvertures vaccinales plus élevées.  

La recherche de simplification et de lisibilité plus grande du calendrier vaccinal n’est pas à elle seule la solution pour améliorer la couverture vaccinale, notamment des adolescents et des personnes âgées de 65 ans et plus. C‘est une action complémentaire à celles qui sont déjà menées ou en cours de développement : élargissement des prescripteurs et effecteurs de la vaccination, démarches dites « d’aller vers » permettant de toucher des personnes éloignées des dispositifs institutionnels, pédagogie, sensibilisation au risque, calendrier de vaccination électronique avec rappels automatisés… 

Contribuer à donner du sens au calendrier vaccinal, à le rendre simple et intelligible par tous. Tel est notre objectif à la HAS. 

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