Outre la définition classique de la pertinence qui est celle de la qualité du rapport logique entre un élément et le fait qu’il s’agit d’établir et la définition pratico-pratique qui pourrait être en médecine: le bon acte pour le bon patient, au bon moment.

La RAND Corporation (University of California, Los Angeles) propose la définition suivante de la pertinence : « [Un traitement est approprié quand] le bénéfice escompté pour la santé (p. ex augmentation de l’espérance de vie, soulagement de la douleur, réduction de l’angoisse, amélioration de capacités fonctionnelles) est supérieur aux conséquences négatives attendues (p. ex mortalité, morbidité, anxiété, douleur, durée d’arrêt de travail) d’une façon suffisante pour estimer qu’il est valable d’entreprendre la procédure, indépendamment de son coût. »[1].

Cette définition a été étendue par le NHS en intégrant des dimensions additionnelles : « Nous estimons qu’il manque deux dimensions importantes à [la définition de la pertinence par la RAND Corporation] : l’individualité du patient concerné et la disponibilité des ressources de santé. Nous suggérons la définition suivante : Pertinent, pour un soin, signifie qu’il a été choisi parmi l’ensemble des interventions disponibles qui ont démontré leur efficacité pour une affection, comme étant le plus vraisemblablement à même de produire les résultats attendus pour un patient donné. Une intervention ne peut être pertinente que si certaines conditions sont satisfaites. Les compétences techniques et les autres ressources nécessaires à l’intervention doivent être disponibles, en sorte qu’il puisse être dispensé selon les bons standards. L’intervention doit être réalisée d’une manière telle qu’elle soit acceptable pour le patient. Les patients doivent recevoir une information adéquate au sujet de toutes les interventions potentiellement efficaces. Leurs préférences sont centrales dans la détermination de quelle intervention sera pertinente parmi celles dont l’efficacité est connue. Leurs préférences seront indicatives non seulement de l’objectif principal qu’ils espèrent atteindre, mais aussi de leurs perceptions des effets secondaires qui pourraient advenir. La pertinence des interventions de santé doit également être considérée dans le contexte social et culturel actuel, et au regard de la justice de la répartition des ressources de santé. »[2].

Sur la base des deux définitions précédentes, la HAS retient que l’analyse de la pertinence d’une intervention de santé comporte potentiellement plusieurs dimensions :

  • la balance entre les bénéfices et les risques ;
  • la probabilité pour l’intervention d’aboutir aux résultats attendus (par comparaison avec d’autres traitements) ;
  • la qualité de l’intervention de santé (au regard de standards) ;
  • la prise en compte des préférences des patients (ce qui implique une information appropriés) ;
  • la prise en compte du contexte social, culturel et de la disponibilité des ressources de santé.

En fonction de la saisine et des données disponibles, les travaux portent sur une ou plusieurs des dimensions énoncées ci-dessus. Le périmètre du travail est, pour chaque saisine, défini lors d’une étape de cadrage.

Pour certaines saisines, la notion « d’intervention » devra être comprise dans un sens large renvoyant par exemple au parcours de soin du patient.

 

 
[1] Brook RH, Chassin MR, Fink A, Solomon DH, Kosecoff J, Park RE. A method for the detailed assessment of the appropriateness of medical technologies. Int J Technol Assess Health Care 1986;2(1):53-63.
 

[2] What do we mean by appropriate health care? Report of a working group prepared for the Director of Research and Development of the NHS Management Executive. Qual Health Care 1993;2(2):117-23.