21/11/2019

Colloque HAS « Construction et dialogue des savoirs – vers de meilleures décisions individuelles et collectives en santé » - Paris - 21 novembre 2019

Evénement de Calendrier - Mis en ligne le 21 nov. 2019

Événement

Les actes du colloque sont en ligne.

La HAS a organisé un colloque sur la « Construction et dialogue des savoirs – vers de meilleures décisions individuelles et collectives en santé » le 21 novembre 2019.

Retrouvez l'intégralité des discussions dans les actes et la vidéo du colloque.

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Programme scientifique

Pour prendre de bonnes décisions, individuelles ou collectives, en matière de prévention, de soin, d’accompagnement social ou médico-social, nous avons besoin de savoirs. Ils se construisent aujourd’hui dans un contexte caractérisé par la croissance exponentielle des données avec l’arrivée du numérique et de l’intelligence artificielle.

Dans le même temps certains domaines restent encore marqués par l’incertitude pour ne pas dire le non-savoir. En outre, la force probante des savoirs est plus favorablement attribuée aux résultats chiffrés qu’aux analyses qualitatives, aux sciences humaines ou aux savoirs expérientiels des patients et des personnes accompagnées qui restent encore mal intégrés dans les prises de décision.

À la fin des deux premières décennies du XXIème siècle, comment les savoirs se construisent-ils ? Et comment dialoguent-ils ? C’était l’ambition de ce colloque international, pluridisciplinaire et participatif, d'éclairer ces grands enjeux.patients included

Un événement "Patients included".

 

Programme

9h30 - Accueil et allocution d’ouverture

Pr Dominique Le Guludec, présidente de la HAS

10h15 - Table ronde n° 1 : numérique et intelligence artificielle, une chance de plus pour l’évaluation ?

La collecte massive de données et son traitement, par des outils numériques ou d’intelligence artificielle, constitue-t-elle une opportunité pour améliorer nos décisions ?

  • Numérique et méthodologie
    Anita Burgun, médecin spécialiste en biostatistiques et informatique médicale, PUPH Paris Descartes

    L'Intelligence artificielle vise à concevoir les systèmes intelligents capables de réaliser un raisonnement complexe et adapté face à une question de la vie réelle, et s'adapter à des connaissances et des situations nouvelles. Ces systèmes reproduisent les capacités d'apprentissage, en particulier les réseaux de neurones sont capables à partir des gros corpus de données générés par les SI, de mimer avec succès la détection d’informations dans des sources de données non structurées. L’intelligence comporte aussi  des compétences symboliques et logiques pour travailler à un niveau plus haut et plus abstrait de description. Ces technologies combinées dans des modèles hybrides sont à la base des systèmes apprenants d'aujourd'hui et des jumeaux numériques de demain.

  • Numérique et données de vie réelle
    Dominique Polton, présidente de l’institut national des données de santé (INDS)

    Dans tous les systèmes de santé, une masse croissante de données de  santé numérisées est disponible. De nombreux exemples montrent que si on les exploite intelligemment, elles permettent effectivement d’améliorer des décisions à tous les niveaux : les décisions des patients, des professionnels, des autorités de santé et régulateurs. La question est de réunir les conditions pour réaliser ce potentiel d’amélioration.

  • Numérique et éthique
    Christine Balagué, professeur et titulaire de la Chaire Good in Tech à l’Institut Mines-Télécom Business School

    Le développement des technologies et de l'intelligence artificielle en santé est à la fois source de progrès et d'innovation mais aussi d'impact potentiellement négatif sur les individus et plus globalement la société.
    Les technologies responsables by design permettent de répondre aux enjeux éthiques de la médecine du futur. 


12h - Focus : comment prend-on une décision dans un contexte incertain ? Exemple de l’astrophysique

Invité d’honneur David H. Shoemaker, docteur en physique atomique et moléculaire, chercheur scientifique principal, Massachusetts Institute of Technology (MIT)

La physique des ondes gravitationnelles est un développement récent en astrophysique qui a été rendu possible par des décennies de développement d’instruments scientifiques, et qui défie les scientifiques de déterminer si un signal est présent, et quelles sont ses caractéristiques. L'exposé fournira au public un contexte décrivant l'objectif scientifique de ma recherche, puis abordera plus directement la question du gain de confiance dans les données, et de l'évaluation du niveau confiance lorsqu’on a des données partielles, contradictoires ou incertaines.

12h30 - Avis du conseil pour l’engagement des usagers


14h15 - Table ronde n° 2 : savoirs expérientiels et décisions

Les savoirs expérientiels des patients ou des personnes accompagnées, longtemps qualifiés de savoirs profanes, puis d’expertise profane, sont aujourd’hui de mieux en mieux reconnus. Mais comment se construisent-ils ? Comment dialoguent-ils entre eux et avec les autres savoirs professionnels ou scientifiques ? 

  • Savoir expérientiel : ressources embarrassantes ?
    Julia Boivin, consultante/formatrice en situation de handicap et membre du conseil pour l’engagement des usagers de la HAS
    Eve Gardien, maître de conférences, département de sociologie, université Rennes 2 (ESO UMR 6590) et membre du conseil pour l’engagement des usagers de la HAS

    Dialogue autour de l'émergence de l'expérience comme objet de savoirs dans le milieu sanitaire et médico-social. Quelles transformations sont à penser pour les professionnels, mais également pour les personnes accompagnées et leurs aidants ?

  • Comment les savoirs expérientiels sont intégrés dans la décision individuelle, partagée ou non
    Patrick Castel, chargé de recherche à Sciences Po

    L’intégration des savoirs expérientiels aux décisions individuelles se heurte encore à de nombreux obstacles. Tout en en identifiant certains, cette présentation discutera l’argument fréquemment avancé selon lequel c’est l’Evidence-Based Medicine qui en est le principal responsable, en montrant qu’il existe différentes modalités d’articulation possible. La présentation identifiera certains défis et opportunités pour une meilleure intégration des savoirs expérientiels aux décisions individuelles, en montrant que cela passe par une conception élargie du contexte pertinent de la décision."

  • Savoir expérientiel et construction d’un savoir collectif : un experience based activism ?
    Madeleine Akrich, directrice de recherche au centre de sociologie de l'innovation CSI-i3, Mines Paris,PSL

    Cette présentation se concentrera sur la production de connaissances tirées de l’expérience par les associations de patients et d’usagers, en montrant la variété des sujets abordés puisque ces connaissances peuvent concerner la maladie sur le plan clinique, les effets des traitements, les prises en charge et l’organisation des soins, les effets psycho-socio-économiques de la maladie etc. En articulant ces connaissances à celles des médecins et des chercheurs, les associations cherchent à faire valoir le point de vue des personnes concernées et à nourrir un dialogue constructif avec les autres acteurs du domaine.


16h - Table ronde n° 3 : quelle place pour les sciences humaines et sociales dans les décisions individuelles et collectives en santé ?

En quoi les sciences humaines et sociales peuvent-elles contribuer à la prise de décisions et à l'élaboration de recomandations ? Quelle est leur nature ? Sur quelle dimension apportent-elles du matériau ? En quoi peuvent-elles être complémentaires des autres savoirs ?

  • Comment les sciences sociales et humaines participent à la production de la connaissance dans un contexte de crise sanitaire ?
    Didier Torny, sociologue, directeur de recherches Centre national de la recherche scientifique (CNRS)

    La crise sanitaire est devenue une figure routinière de nos sociétés, qu'elles touchent des médicaments, des aliments, des lieux contaminés, des substances disséminées dans l'environnement ou dans des lieux de travail, des dispositifs de santé ou simplement des affections grandissantes dont les causes demeurent inconnues. Touchant nos organisations  sociales et nos formes de gouvernement, remettant en cause nos histoires collectives et notre conception des marchés, elles dépassent par nature la simple faillite technique ou la discussion sur les effets morbides. Mais comment en retour des disciplines de SHS éclairent-elles ces crises sanitaires et produisent de nouveaux savoirs en amont, pendant et après leur déroulement.

  • Dialoguer sur les besoins de connaissances : apport de la recherche interventionnelle
    Thierry Lang, épidémiologiste, directeur de l’IFERISS, Institut Fédératif d'Etudes et de Recherche Interdisciplinaire Santé Société

    Des centres d’expertise, appuyés sur des centres de recherche interdisciplinaires pourraient avoir un double impact en santé publique : mettre à disposition une expertise et des compétences au service des acteurs ; permettre, en favorisant le dialogue et l’acculturation, de développer une recherche interventionnelle en santé publique, co-construite, apportant des connaissances ayant un sens pour les chercheurs et les acteurs.

  • Apports des synthèses de données probantes qualitatives dans l’élaboration de recommandations et le processus de prise de décisions
    Jane Noyes, professeur de recherche sur la santé et les services sociaux et la santé des enfants, université de Bangor, Royaume-Uni

    La question de l'opportunité de recommander des interventions complexes, mises en œuvre dans des systèmes de santé complexes et très hétérogènes, se pose de plus en plus dans le processus d’élaboration des recommandations. Les synthèses de données probantes qualitatives peuvent apporter des connaissances sur l'importance relative des critères de résultats de ces interventions, sur leur acceptabilité, leur fidélité, leur portée, leur faisabilité dans différents contextes ainsi que sur leurs conséquences potentielles en termes d’équité. Les données de preuves quantitatives et qualitatives peuvent par ailleurs être combinées dans des synthèses de données mixtes apportant un éclairage sur la manière dont, dans des contextes spécifiques, la complexité peut avoir un effet sur les interventions mises en œuvre.

17h15 - Conclusion

 

Scientific program of Seminar

To improve decision-making support in prevention, health and social care–both at the individual and collective level–we need knowledge. Today, They are being built today in a context characterized by the exponential growth of data with the advent of digital and artificial intelligence. At the same time, some areas of knowledge still remain marked by uncertainty, in other words the not-knowing. Furthermore, the driving force of knowledge resides more in numbers and results rather than in qualitative analysis, social sciences, or even experiential patient/user knowledge–still remaining poorly integrated in the decision-making process.

Towards the end of the first two decades of the twenty-first century, how has knowledge been constructed and organized ? How is it shared through dialogue ? These were some of the questions this international, multidisciplinary and participative seminar sought to better understand.

Program

9:30 - Welcome and opening addresses

Pr Dominique Le Guludec, President of HAS

10:15 - Round table n ° 1: Digital and artificial intelligence, a new chance for evaluation ?

Is the massive collection of data and its processing, using digital tools and artificial intelligence, an opportunity to improve decision-making ?

  • Digital and methodology
    Pr Anita Burgun, Doctor specialised in biostatistics and medical informatics, PUPH Paris Descartes

    Artificial Intelligence aims to design intelligent systems capable of realizing complex reasoning that is adapted to real-life issues and to adapt to new knowledge and situations. These systems replicate learning capabilities, in particular neural networks which are able, from the large body of data generated by information systems, to successfully mimic the detection of information in unstructured data sources. Intelligence also has symbolic and logical skills to work at a higher and more abstract level of description. These technologies, combined in hybrid models, are at the base of today's learning systems and tomorrow's digital twins.

  • Digital and real life data
    Dominique Polton, past president of the Health Data Hub (formerly INDS)

    In all health systems, an increasing body of digitized health data is available. Many examples show that if they are used intelligently, they can actually improve decisions at all levels: the decisions of patients, professionals, health authorities and regulators. The question is [how] to gather the conditions in order to realize this potential for improvement.

  • Digital and Ethics
    Christine Balagué, professor and Chair of “Good in Tech” at the Institut Mines-Télécom Business School

    The development of technologies and artificial intelligence in health is at the same time a source of progress and innovation but also of potentially negative impact on individuals and more generally society. Responsible technologies, by design, help meet the ethical challenges of the medicine of the future.


12:00 - Focus:  Decision-making in an uncertain context, example of astrophysics

Guest of Honor David H. Shoemaker, Ph.D. in Atomic and Molecular Physics, Senior Research Scientist, Massachusetts Institute of Technology (MIT)

A recent development in Astrophysics is the start of gravitational-wave physics, enabled by decades of instrument development, and followed by the challenges of determining if a signal is present and what its characteristics are. The talk will strive to provide a context for the audience by describing a bit the scientific goal of my research, and then address more directly the question of gaining confidence and assessing confidence with partial, conflicting, or uncertain data.


12:30 - Public Involvement Council Advice


14:15 - Round table n ° 2: Experiential knowledge and decision

The experiential knowledge of patients and users of social services, long described as secular knowledge, then profane expertise, are now increasingly recognized. But how are they built? How do they interact with each other and with other professional or scientific knowledge ?

  • Experiential knowledge: embarrassing resources?
    Julia Boivin, consultant / trainer with disabilities and board member for HAS user engagement
    Eve Gardien, Senior Lecturer, Department of Sociology, University Rennes 2 (ESO UMR 6590) and Member of the Board for HAS User Engagement

    Discussion regarding the emergence of experience as an object of knowledge in the health and medico-social environment. What transformations are to be considered for health professionals, but also for the accompanied persons and their caregivers?

  • How experiential knowledge is integrated into the individual decision-making, shared or not
    Patrick Castel, Research Fellow at Sciences Po

    The integration of experiential knowledge with individual decisions still faces many obstacles. While identifying some, this presentation will discuss the frequently contended argument that Evidence-Based Medicine is primarily responsible by demonstrating that there are different ways of possible articulation. The presentation will identify some of the challenges and opportunities for better integrating experiential knowledge into individual decisions, showing that this requires a broader understanding of the relevant context of the decision.

  • Experiential knowledge and building collective knowledge: an experience based activism?
    Madeleine Akrich, Research director at the Centre for the Sociology of Innovation CSI-i3, Mines Paris,PSL

    This presentation will focus on the generation of experiential knowledge by patient and user associations, showing the variety of topics covered since this knowledge may be clinically relevant to the disease, the effects of treatment, in charge and organization of care, the psycho-socio-economic effects of the disease etc. By linking this knowledge to that of physicians and researchers, the associations seek to convey the point of view of the people concerned and to foster a constructive dialogue with other actors in the field.


16:00 - Round table n ° 3: What place for social sciences in individual and collective decision-making in health?

How can the social sciences contribute to giving impetus to act through new constructs of knowledge? What would be its nature and on what level would it bring new material? How would such knowledge be complementary to other constructs of knowledge?

  • How are the social sciences and humanities involved in the production of knowledge in the context of a health crisis?
    Didier Torny, Sociologist, Research Director at the Centre national de la recherche scientifique, (CNRS)

    Health crises have become a common figures in our societies, whether they involve drugs, food, contaminated sites, substances scattered in the environment or in workplaces, health devices or simply growing issues whose causes remain unknown. Affecting our social organizations and our forms of government, calling into question our collective histories and our conception of the markets, by their nature they go beyond mere technical failure or the discussion of morbid effects. But how do SHS disciplines in turn illuminate these health crises and produce new knowledge upstream, during and after the crisis.

  • Dialogue on knowledge needs: contribution of interventional research
    Thierry Lang, Epidemiologist, Director of the Institut Fédératif d'Etudes et de Recherche Interdisciplinaire Santé Société (IFERISS)

    Centres of expertise, supported by interdisciplinary research centres, could have a double impact on public health: providing expertise and skills to the service of stakeholders; to provide for, through dialogue and acculturation, the development of co-constructed interventional research in public health, bringing knowledge that is meaningful to researchers and actors.

  • The contribution and value of qualitative evidence synthesis in a guideline and decision-making process
    Jane Noyes, Professor of health and social services research and child health, Bangor university, United Kingdom

    Guideline developers are increasingly dealing with more difficult decisions concerning whether to recommend complex interventions in complex and highly variable health systems. A qualitative evidence synthesis can play a role in establishing the relative importance of outcomes, the acceptability, fidelity and reach of interventions, their feasibility in different settings and potential consequences on equity.  Both quantitative and qualitative evidence can be integrated in a mixed-method synthesis that can be helpful in understanding how complexity impacts on interventions in specific contexts.


17:15 - Conclusion


Actes du colloque

Retrouvez l'intégralité des discussions dans les actes du colloque.