MENVEO (vaccin méningococcique des groupes A, C, W-135 et Y conjugué à la protéine CRM197 de la toxine de Corynebacterium diphteriae) - Vaccin anti méningococcique
Reason for request
Modification des conditions de l'inscription à la suite de l’actualisation des recommandations de la HAS en 2024.
L'essentiel
Avis favorable au maintien du remboursement dans l’immunisation active des sujets contre les maladies méningococciques invasives dues aux Neisseria meningitidis des groupes A, C, W-135 et Y, selon les recommandations vaccinales en vigueur de la HAS du 7 mars 2024 et du 27 juin 2024.
Quel progrès ?
Pas de progrès thérapeutique dans la stratégie de prise en charge.
Quelle place dans la stratégie thérapeutique ?
Selon les recommandations HAS du 7 mars 2024 :
Compte tenu :
- de l’augmentation du nombre de cas d’IIM observés chez les nourrissons en 2022-2023, en particulier des sérogroupes W et Y,
- de la disponibilité de vaccins tétravalents efficaces, dont les effets directs et indirects ont été observés dans les pays ayant mis en place cette vaccination,
- d’une persistance de la réponse immunitaire pouvant aller jusqu’à au moins dix ans après la primovaccination avec les vaccins tétravalents. A noter que les résultats des études cliniques sont à considérer comme un délai « minimum » de persistance de l’immunité, sans préjuger de ce que la protection peut devenir au-delà du délai considéré dans chaque étude,
- des résultats de la modélisation mathématique élaborée à partir des données françaises,
- des données de sécurité et de tolérance en faveur d’une sécurité d’emploi,
- des études d’acceptabilité de cette vaccination auprès des professionnels de santé et des parents de jeunes enfants,
la HAS recommande de rendre obligatoire la vaccination tétravalente chez tous les nourrissons, en remplacement de la vaccination méningococcique dirigée contre le sérogroupe C, selon le schéma vaccinal à deux doses ci-après : une dose unique de primovaccination à l’âge de 6 mois suivie d’une dose de rappel à l’âge de 12 mois. Le maintien d’une première dose avant l’âge d’un an se justifie par la nécessité d’offrir une protection directe et précoce à cette population pour laquelle l’incidence et le fardeau des IIM W sont élevés. Le changement de schéma vaccinal avec une première dose à 6 mois au lieu de 5 mois (âge actuellement en vigueur pour la première dose de vaccins dirigés contre le sérogroupe C), permet de conserver un schéma vaccinal complet réduit à 2 doses et débuté précocement dans la première année de vie. En effet, selon l’AMM du vaccin NIMENRIX (seul vaccin tétravalent administrable avant l’âge de 12 mois), une primovaccination initiée avant l’âge de 6 mois nécessite un schéma vaccinal à 3 doses : 2 doses + 1 dose de rappel à 12 mois ; tandis qu’une primovaccination initiée à partir de l’âge de 6 mois ne nécessite qu’une seule dose de primovaccination suivie d’une dose de rappel à l’âge de 12 mois.
La HAS préconise de réévaluer la pertinence du maintien de la première dose à 6 mois après quelques années de mise en place du programme vaccinal, temps nécessaire pour évaluer l’établissement d’une éventuelle immunité de groupe, et de tenir compte de l’évolution de la situation épidémiologique des IIM en France. Compte tenu des données d’interchangeabilité, la HAS rappelle qu’une vaccination initiée avec un vaccin monovalent C chez les nourrissons peut être poursuivie avec un vaccin méningococcique tétravalent ACWY et qu’une vaccination ACWY initiée avant 12 mois peut être poursuivie avec NIMENRIX ou MENQUADFI7. La HAS rappelle également que le vaccin NIMENRIX peut être co-administré avec la plupart des vaccins recommandés à cet âge.
Au regard :
- des données de faible incidence chez les enfants âgés de plus d’un an et jusqu’à l’adolescence,
- des données de prévalence de portage méningococcique (élevée chez les adolescents/jeunes adultes et peu élevée chez les jeunes enfants),
- de la recommandation de mise en place de la vaccination tétravalente ACWY chez les adolescents,
la HAS ne recommande pas la mise en place d’un rattrapage de la vaccination ACWY chez les enfants de plus d’un an.
En outre, compte tenu :
- de l’augmentation en 2022-2023 de l’incidence des IIM W et Y chez les jeunes adultes âgés de 15-24 ans,
- de la disponibilité de vaccins tétravalents efficaces, dont les effets directs et indirects ont été observés dans les pays ayant mis en place cette vaccination,
- de la réduction de la prévalence du portage observée après vaccination,
- d’une persistance de la réponse immunitaire pouvant aller jusqu’à au moins dix ans après la primovaccination avec les vaccins tétravalents. A noter que les résultats des études cliniques sont à considérer comme un délai « minimum » de persistance de l’immunité, sans préjuger de ce que la protection peut devenir au-delà du délai considéré dans chaque étude,
- des résultats de la modélisation mathématique élaborée à partir des données françaises,
- de données de sécurité et de tolérance en faveur d’une sécurité d’emploi,
- de la demande d’accès facilité par les adolescents face à cette vaccination,
la HAS recommande la vaccination tétravalente chez tous les adolescents selon un schéma à une dose administrée entre 11 et 14 ans, indépendamment de leur statut vaccinal. La tranche d’âge de vaccination a été choisie en prenant en compte : les aspects logistiques de la mise en œuvre de la vaccination ; le suivi médical actuellement proposé dans cette tranche d’âge, les données de co-administration (co-administration possible avec le vaccin HPV) et les données de modélisation suggérant une différence marginale de l’effet d’une vaccination débutée à 11 ans où à 14 ans. A noter que la vaccination sur une tranche d’âge où un suivi médical est déjà en place facilitera également l’atteinte d’une couverture vaccinale plus élevée.
En parallèle, la HAS recommande la mise en place à l’échelle nationale d’un rattrapage vaccinal chez les 15-24 ans. Un rattrapage incluant une tranche d’âge aussi large que celle des 15-24 ans permettra ainsi l’atteinte d’une couverture vaccinale élevée plus rapidement dans cette tranche d’âge, où l’incidence actuelle est élevée, et l’obtention plus rapide d’une immunité de groupe. La HAS précise que les trois vaccins tétravalents disponibles en France (NIMENRIX, MENQUADFI et MENVEO) peuvent être considérés comme interchangeables et peuvent être administrés dans le cadre du rattrapage, en même temps que les autres vaccins qui sont recommandés à cet âge.
La HAS précise que les recommandations en vigueur concernant la vaccination tétravalente dans les populations particulières, pour les professionnels et autour d’un ou plusieurs cas d’IIM demeurent inchangées.
Par ailleurs, compte tenu :
- de l’efficacité vaccinale estimée entre 71 % et 95 % selon les pays et permettant une bonne protection individuelle, bien que limitée dans le temps (recul maximal de 7,5 ans dans les études évaluant la persistance de la réponse immunitaire)
- mais d’un impact populationnel attendu limité de la mise en place d’une vaccination dirigée contre le sérogroupe B en raison de :
- l’incidence des IIM B, plus faible chez les 15-24 ans que chez les nourrissons de moins d’un an (0,57 versus 4,73 pour 100 000 habitants en 2023), et stable voire en baisse par rapport à la période pré-pandémique,
- l’absence d’effet des vaccins méningococciques sur le portage méningé, et donc de protection indirecte de la population non vaccinée,
- l’intérêt limité de la protection croisée sur les souches non-B (W et Y) compte-tenu de la mise en place de la vaccination tétravalente ;
- des résultats des modélisations mathématiques, issues de la littérature et du modèle adapté aux données françaises, qui suggèrent un effet modeste sur la réduction du nombre de cas surtout lorsque la vaccination dirigée contre le sérogroupe B est déjà en place chez les nourrissons,
- des difficultés opérationnelles de mise en œuvre liées à la nécessité de deux injections en vue d’obtenir une bonne immunité indépendamment du statut vaccinal dans l’enfance et la potentielle nécessité de rappels en raison de la durée limitée de la protection,
La HAS ne recommande pas à ce stade d’élargir à tous les adolescents la vaccination dirigée contre le sérogroupe B.
La HAS préconise toutefois que la vaccination dirigée contre le sérogroupe B puisse être remboursée chez tous les adolescents et jeunes adultes de 15 à 24 ans souhaitant se faire vacciner.
La HAS recommande en outre de renforcer la stratégie actuellement en vigueur contre le sérogroupe B chez les nourrissons en rendant obligatoire cette vaccination actuellement recommandée, selon le schéma suivant : première dose à l’âge de 3 mois, deuxième dose à 5 mois et dose de rappel à 12 mois (M3, M5, M12).
La HAS recommande par ailleurs le maintien de la stratégie actuellement en vigueur chez les personnes à risque et en situation d’hyperendémie. La HAS préconise la mise en place d’études décrivant le portage méningococcique en France, ainsi que des études d’efficacité vaccinale dans le contexte français pour la vaccination dirigée contre les sérogroupes ACWY et B. La HAS insiste sur la nécessité d’obtenir des données de couverture vaccinale chez les adolescents pour la vaccination tétravalente afin que l’évaluation du schéma vaccinal chez les nourrissons puisse être réalisée après quelques années de mise en place du programme de vaccination. La HAS recommande la collecte systématique des données sur les échecs vaccinaux et la réalisation d’études de suivi des patients ayant eu une IIM.
La HAS précise que la stratégie de vaccination anti-méningococcique sera actualisée en fonction de l’évolution des connaissances scientifiques, des autorisations de mise sur le marché des vaccins méningococciques (notamment avec une plus large couverture des souches circulantes), et selon l’évolution de la situation épidémiologique.
Selon les recommandations HAS du 27 juin 2024 sur l’interchangeabilité des vaccins méningococciques tétravalents pour l'administration de la dose de rappel à l'âge de 12 mois :
La HAS recommande que le vaccin MENQUADFI puisse être utilisé, au même titre que le vaccin NIMENRIX, pour l'administration de la dose de rappel à l'âge de 12 mois chez les nourrissons primovaccinés avec le vaccin NIMENRIX avant 12 mois. En effet, bien que les données d'interchangeabilité soient actuellement absentes pour cette population, la HAS considère que les compositions similaires des deux vaccins, ainsi que les données d’interchangeabilité disponibles pour d’autres tranches d’âge, justifient la levée la restriction d’utilisation du vaccin MENQUADFI pour l'administration de la dose de rappel à l'âge de 12 mois.
La HAS précise qu’elle souhaite être informée des résultats finaux de l’étude MEQ00086 et de toute autre étude pouvant documenter l’interchangeabilité des vaccins méningococciques tétravalents chez les nourrissons de 12 à 23 mois. Elle rappelle que la stratégie de vaccination contre les infections invasives à méningocoques sera actualisée en fonction de l’évolution des connaissances scientifiques, des autorisations de mise sur le marché des vaccins méningococciques (notamment avec une plus large couverture des souches circulantes), et selon l’évolution de la situation épidémiologique.
Dans le périmètre du remboursement :
La Commission de la transparence considère que MENVEO (vaccin méningococcique groupe A, C, W-135 et Y) doit être utilisé selon son AMM et conformément aux recommandations de la HAS en vigueur datant du 7 mars 2024 du 27 juin 2024 relatives à la stratégie de vaccination contre les infections invasives à méningocoques, à savoir :
- chez les adolescents entre 11 et 14 ans ;
- chez les 15-24 ans en rattrapage pour la prévention des infections invasives à méningocoques de sérogroupe A, C, W-135 et Y ;
- pour les populations particulières, les professionnels et autour d’un ou plusieurs cas d’infections invasives à méningocoques.
La Commission rappelle que la vaccination est l’outil de prévention le plus efficace contre les infections à méningocoques et les complications associées (purpura fulminans). Une bonne couverture vaccinale est indispensable.
Recommandations particulières
La Commission rappelle que :
- les personnels des laboratoires de recherche travaillant spécifiquement sur le méningocoque peuvent être pris en charge par leur employeur selon l’article R4426-6 du code du travail : « sur proposition du médecin du travail, l’employeur recommande aux travailleurs non immunisés contre les agents biologiques pathogènes auxquels ils sont ou peuvent être exposés de réaliser, à sa charge, les vaccinations appropriées »
- le recours à la vaccination chez les sujets exposés transitoirement du fait d’un contact avec un cas d’infection invasive à méningocoque de sérogroupe A, W-135 ou Y est une décision qui revient aux autorités régionales ou nationales et relève d’une prise en charge par les Agences Régionales de Santé (ARS) au titre de la lutte contre les épidémies.
La HAS précise que la stratégie de vaccination anti-méningococcique sera actualisée en fonction de l’évolution des connaissances scientifiques, des autorisations de mise sur le marché des vaccins méningococciques (notamment avec une plus large couverture des souches circulantes), et selon l’évolution de la situation épidémiologique.
Clinical Benefit
Substantial |
L’actualisation de la stratégie vaccinale selon les recommandations de la HAS en vigueur datant du 7 mars 2024 et du 27 juin 2024, n’est pas de nature à modifier le niveau de service médical rendu qui reste important dans l’immunisation active des sujets à partir de 2 ans contre les maladies méningococciques invasives dues aux Neisseria meningitidis des groupes A, C, W-135 et Y. |
Clinical Added Value
no clinical added value |
L’actualisation de la stratégie vaccinale selon les recommandations de la HAS en vigueur datant du 7 mars 2024 et du 27 juin 2024, n’est pas de nature à modifier le niveau d’amélioration du service médical rendu dans l’immunisation active des sujets contre les maladies méningococciques invasives dues aux Neisseria meningitidis des groupes A, C, W-135 et Y (ASMR V chez les sujets de 2 ans et plus selon les avis du 1 décembre 2010 et du 8 janvier 2014). |