Développement professionnel continu (DPC) en anesthésie-réanimation

Web page - Posted on Oct 22 2015 - Updated on Jun 12 2019

Le DPC pour les anesthésistes-réanimateurs

Depuis le 1er janvier 2012, tous les professionnels de santé ont l’obligation de réaliser un développement professionnel continu (DPC) qui associe formation médicale continue (FMC) et évaluation des pratiques professionnelles (EPP). Le DPC a pour objectif : « l’évaluation des pratiques professionnelles, le perfectionnement des connaissances, l’amélioration de la qualité et de la sécurité des soins ainsi que la prise en compte des priorités de santé publique et de la maîtrise médicalisée des dépenses de santé ».

Les décrets encadrant le DPC créent trois structures aux missions différentes :
1) L’organisme gestionnaire du DPC (OGDPC), composé de représentants de l’État et de l’Assurance Maladie, de professionnels et d’employeurs, doit assurer la maîtrise d’œuvre du dispositif, organiser son financement, contrôler les organismes de DPC et proposer des orientations nationales.
2) Les commissions scientifiques indépendantes (CSI) ayant pour mission d’évaluer les organismes de DPC, de donner un avis sur les orientations et les méthodes de DPC, d’établir la liste des diplômes universitaires (DU) et inter universitaires (DIU) permettant de valider le DPC.
3) Les organismes de DPC qui mettent en œuvre les programmes de DPC.

Un programme DPC élaboré par un organisme de DPC doit comporter un certain nombre d’étapes (entre 2 et 5). Ces étapes doivent contenir des parties formatrices (cognitives) et des parties évaluatrices (faisant appel à différentes méthodes validées par la HAS). Ces méthodes évaluatives font appel à des outils utilisés depuis longtemps en anesthésie-réanimation comme l’évaluation des pratiques professionnelles, les revues de morbi-mortalité, les réunions pluridisciplinaires de concertation et les sessions de simulation. D’autres techniques sont d’apparition plus récente dans notre discipline comme les tests de concordance de scripts (TCS) et les groupes d’analyses de pratique (GAP).

Depuis 2012, le Collège français des anesthésistes-réanimateurs (Cfar) propose des programmes DPC lors des cours européens d’anesthésie-réanimation avec introduction de TCS et de GAP, mais aussi au cours de congrès nationaux (Sfar, Jepu…) ou régionaux avec différentes formes d’étapes évaluatives. La possibilité pour les CME de gros établissements de santé de se constituer en ODPC aboutit à un véritable dévoiement du DPC.

Chaque médecin a le libre choix de son organisme de DPC et de son programme. Il faut aussi noter que l’accréditation à valeur de DPC.

Le DPC doit être conçu comme une véritable amélioration des pratiques et de la qualité de prise en charge des patients de façon continue et permanente. Pour aider les professionnels de santé et plus particulièrement les anesthésistes-réanimateurs, seuls des anesthésistes-réanimateurs peuvent connaître et répondre aux besoins de cette formation. La structuration en CNP de l’anesthésie-réanimation avec une Société savante qui élabore et structure les aspects scientifiques de notre profession et un Collège (Cfar) qui en assure les actions de DPC et d’accréditation doit permettre à la fois une simplification de la compréhension du processus et une appropriation par chaque professionnel de la démarche d’amélioration continue de la qualité de sa pratique.

Ce dispositif mis en place par la loi HPST devrait être largement modifié par la loi de Santé qui sera votée en octobre 2015.

Le 22 octobre 2015
Pr Jean-Etienne Bazin – Responsable commission DPC du CFAR – CHU Clermont-Ferrand

Déclaration d'intérêts
Consulter la déclaration d’intérêt du Pr Jean-Etienne Bazin

Les propos tenus dans cet article sont sous la responsabilité de leur auteur.

Mise en œuvre du DPC en anesthésie-réanimation

Le développement professionnel continu (DPC) entrera en vigueur le 1er janvier 2012. Il se caractérise par la prédominance de l'évaluation des pratiques par rapport aux modalités traditionnelles de formation médicale continue (FMC) qui devront évoluer vers des approches plus interactives que celles habituelles (congrès, conférences, cours). Le développement du e-learning en sera un des pivots. L'objectif du législateur est par ailleurs de simplifier le processus pour les praticiens en fondant l'évaluation des pratiques et le perfectionnement des connaissances en une seule démarche.
Auparavant, il y avait d'un côté la FMC, qui relevait de conseils nationaux différents selon l'exercice (libéral ou hospitalier) avec un projet de barème complexe, et de l'autre l'évaluation des pratiques professionnelles et l'accréditation autour des Unions régionales de médecins libéraux (URML), des Commissions médicales d’établissements (CME) et des organismes agréés.

Définition du DPC : les décrets en cours de finalisation définissent le DPC comme « l’analyse, par les médecins, de leurs pratiques professionnelles, ainsi que l’acquisition ou l’approfondissement de connaissances ou de compétences ». Il est défini par une obligation individuelle qui s’inscrit dans une démarche permanente. Le médecin satisfait à son obligation annuelle de développement professionnel continu dès lors qu’il participe à un programme de développement professionnel continu collectif. Pour que cette obligation soit remplie, le programme doit répondre à une orientation nationale ou à une orientation arrêtée au niveau régional. Le programme mis en œuvre par un organisme DPC peut être annuel ou pluriannuel et il est caractérisé par une méthode. L'accréditation est une méthode de DPC.

En pratique pour les anesthésistes réanimateurs :
- comment entrer dans le DPC ?
Il faut s'inscrire dans un programme DPC (finalement proche des programmes EPP que nous connaissons déjà) auprès d'un organisme enregistré pour le DPC par une commission nationale unique composée essentiellement de professionnels issus des conseils nationaux professionnels de spécialité.
- auprès de qui s'inscrire ?
Les organismes DPC auprès desquels il sera possible de s'inscrire seront essentiellement le Cfar, passage obligé dans le cadre de l'accréditation (comme actuellement), mais également les CME et les URML (futures unions régionales des professionnels de santé (URPS)) qui pourront élaborer des programmes DPC moins spécifiques de la spécialité.
- comment valider ?
L'inscription à un programme DPC et sa réalisation vaudront DPC. L'organisme DPC transmettra l'attestation au Conseil départemental du lieu d'exercice.
- quel financement ?
Le projet de décret indique que les CHU et les CH consacreront respectivement un pourcentage minimum de 0,50 % et 0,75 % du montant des rémunérations de ses praticiens au financement des actions de DPC des médecins. Le financement des libéraux sera assuré en principe par une contribution de l'Assurance maladie définie par convention.

En conclusion, une nouvelle page pour la formation continue des médecins est en train de s'écrire. Elle apporte une cohérence attendue à l'ensemble du processus et elle renforce la place des professionnels dans le dispositif au travers de leurs Conseils nationaux professionnels. Il reste à démontrer néanmoins que le DPC sera effectivement porteur d'une vraie dynamique et d'une amélioration de la qualité et de la sécurité des soins.

Pr Bertrand Dureuil – Président de la Commission accréditation – Cfar – 
Département Anesthésie-réanimation chirurgicale – Hôpital Charles Nicolle – Rouen

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Simulation en anesthésie-réanimation et développement professionnel continu (DPC)

La simulation se développe rapidement en France pour la formation initiale et continue.
L’anesthésie-réanimation et les disciplines chirurgicales font figure de précurseurs, mais poursuivent des objectifs différents. En effet en anesthésie-réanimation, selon une logique largement éprouvée en aviation, l’objectif de la simulation est double :
 - permettre de maîtriser des incidents et procédures peu fréquents ou graves et complexes (maîtrise technique) ;
 - favoriser l’acquisition des compétences non techniques (facteur humain).

Les chirurgiens quant à eux, sont plus naturellement enclins à utiliser la simulation pour l’apprentissage de nouvelles techniques opératoires, les aspects non-techniques étant secondaires. Enfin, la simulation entre en force dans les facultés de médecine pour l’apprentissage de gestes techniques sans recourir au patient.

Le Collège français des anesthésistes réanimateurs (Cfar), conscient de l’apport considérable que la simulation pouvait apporter au développement professionnel continu (DPC) en anesthésie-réanimation, a favorisé la fédération de centres précurseurs autour de l’élaboration de scénarios communs centrés autour des « essentiels », par les équipes pratiquant la simulation. L’objectif étant que ceux qui défrichaient cette nouvelle activité, puissent forger des outils (objectifs pédagogiques, scénarios) qui aident à démarrer les centres nouveaux venus. Ce projet a réuni des anesthésistes-réanimateurs et des urgentistes qui ont finalisé cette boîte à outil que le Cfar met à disposition de ses membres développant la simulation.
Dans un second temps, le Cfar à réalisé une enquête (décembre 2009) auprès des centres pratiquant la simulation en anesthésie-réanimation afin de recueillir leur mode opératoire, organisationnel et leur capacité de formation dans le domaine de l’anesthésie-réanimation. Il apparaît que les centres ont adopté des modes opératoires similaires et qu’ils sont en majorité favorables à une mise en commun des objectifs pédagogiques et de scénarios, ainsi qu’à une collaboration. Leur faiblesse actuelle réside dans un financement complexe et non pérenne des effectifs de formateurs pris sur les effectifs cliniques. Enfin, la simulation est majoritairement utilisée pour la formation des internes, les professionnels et le DPC représentant une quotité encore minoritaire. Cependant, le nombre de centres actifs croît rapidement et on peut supposer que l’offre s’élargira en moyens et en volume. La clé étant que les subsides dévolus au DPC puissent être investis dans cette nouvelle activité.

La HAS, convaincue de l’intérêt de la simulation, a lancé un travail de recensement de la simulation dans des disciplines médicales et chirurgicales autres que l’anesthésie-réanimation. Il est probable que l’association des données fournira une vision complète de cette activité pédagogique prometteuse.

Dr Laurent Beydon – Cfar – Département anesthésie-réanimation chirurgicale – CHU Angers

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L'engagement des anesthésistes-réanimateurs dans le DPC / Registre AVK

Nous avons fait le choix pour ce premier programme DPC de notre spécialité d'un programme thématique basé sur une préoccupation jugée d'intérêt national et qui rencontre un besoin clairement identifié par la HAS, laquelle a élaboré en 2009 un référentiel sur ce thème.
La partie formation est intégrée dans le programme scientifique du Congrès National. Elle a été pilotée par les Professeurs M. Mertes et A. Steib. C'est une formation cognitive illustrant le référentiel HAS par des cas cliniques interactifs. Quant aux confrères ne pouvant participer à cette séance, ils ne seront pas oubliés car ils pourront acquérir la connaissance suffisante du référentiel en se testant par des "QCM apprenants" sur le site internet du CFAR. La formation doit en effet pouvoir s'appuyer sur des méthodes diversifiées.
La partie évaluation du programme est réalisée par une participation à la seconde phase d'un registre de cas cliniques personnels. Il s'agit de la seconde phase d'une démarche EPP évaluant les mesures d'amélioration entreprises suite aux écarts constatés lors de la première phase. Ce programme EPP de type « participation à un registre », fait l'objet d'un partenariat CFAR – HAS préalablement engagé. Le retour du prestataire informatique vers le CFAR permettra à notre Direction administrative d'identifier les professionnels ayant satisfait à la fois au versant formation et au versant évaluation – amélioration des pratiques ; validant ainsi leur obligation DPC pour 2013.

Le 19 septembre 2012
Pr Jacques Fusciardi - Président du CFAR–CNP

Déclaration d'intérêts

Consuletz la déclaration publique d'intérêts du Pr Jacques Fusciardi

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Le registre AVK

Le registre de pratique, permettant le recueil et l'analyse de données standardisées issues des pratiques professionnelles à propos d'un thème donné (ici la gestion des AVK), constitue une démarche répandue en santé. Il est d’autant plus performant qu’il s’intègre dans la pratique quotidienne du professionnel de santé et répond à ses préoccupations.
Dans le cadre du registre AVK proposé par le CFAR, le professionnel de santé :
- s'engage individuellement dans la démarche,
- participe au registre en renseignant les cas signalés,
- prend connaissance du retour d’informations (suite à l’analyse des cas enregistrés)  qui lui est délivré à intervalles réguliers par le CFAR,
- met en œuvre des actions d'amélioration de la qualité de ses pratiques comprenant notamment une action de formation sur le thème du registre avec un temps explicite qui lui est dédié.

La démarche proposée par le CFAR  permet  ainsi :
- d’évaluer les pratiques professionnelles réalisées grâce à l’analyse des cas enregistrés et analysés,
- de perfectionner ses connaissances grâce à la formation suivie,
- d’assurer le suivi des actions d’amélioration mises en œuvre en utilisant des indicateurs ciblés.

Elle doit donc permettre au professionnel qui y participe de satisfaire son obligation de DPC.

Le 19 septembre 2012
Bruno Bally - Adjoint au chef de service évaluation et amélioration des pratiques - HAS

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