7 juin 2011

Changer de mode de vie, d’alimentation, pratiquer une activité physique et sportive, engager un travail avec un psychologue… Pourquoi ces initiatives trouvent-elles difficilement leur place dans la prise en charge médicale alors qu’elles sont complémentaires aux traitements médicamenteux? Comment un déséquilibre aussi important peut-il exister dans le recours à ces thérapeutiques, comparé aux traitements médicamenteux qui sont davantage mis en exergue dans l’opinion du public et des professionnels de santé ? La Haute Autorité de Santé, dans un rapport d’orientation, fait le point sur les divers freins au développement de ce type de prescription - organisationnels et économiques, psychologiques et sociétaux … - et identifie les solutions qui peuvent être apportées.


Sortir d’une prise en charge essentiellement centrée sur le médicament et de l’influence symbolique qu’il exerce constitue un enjeu de santé publique. C’est le cas en particulier pour les patients souffrant de maladies chroniques pour lesquelles les thérapeutiques non médicamenteuses sont souvent recommandées comme traitement de fond, par exemple dans la prise en charge des risques cardio-vasculaires et de l’insomnie. La HAS a mené, dans le cadre de ce rapport, une des premières réflexions approfondies sur ces thématiques à la demande du Ministère de la Santé.

De nombreux freins identifiés

Le rôle symbolique de la prescription médicamenteuse
Les prescriptions médicamenteuses disposent, particulièrement en France, d’une dimension symbolique qui prend racine à la fois dans l’objet « médicament » et dans le geste du médecin rédigeant une ordonnance à l’attention de son patient. Prescrire un médicament peut signifier implicitement :

  • une reconnaissance du bien-fondé de la plainte du patient ;
  • une transmission de connaissances entre le médecin et son patient ;
  • un chemin vers la guérison jugé plus facile par le patient. En effet, le traitement médicamenteux demande moins d’investissement personnel et financier que ces thérapeutiques qui nécessitent une participation active du patient.

Des professionnels de santé mal informés et peu incités
Au-delà des dimensions symboliques, les caractéristiques du système de santé français n’incitent pas les professionnels à prescrire ce type de thérapeutiques par :

  • manque de temps pour convaincre leur patient de l’intérêt de ces thérapeutiques ;
  • manque d’information sur les compétences et la disponibilité de professionnels spécialisés dans le suivi de ces thérapeutiques (psychologue, ergothérapeute…) ;
  • un niveau de preuve d’efficacité de ces thérapeutiques souvent faible qui s’explique à la fois par des difficultés méthodologiques et par la structure actuelle du financement de la recherche clinique.

Des inégalités d’accès à l’offre de thérapeutiques non médicamenteuses
Des inégalités sociales, économiques (reste à charge pour les patients) et géographiques (manque de professionnels spécialisés dans certains territoires) peuvent également être à l’origine des difficultés que rencontrent certains usagers pour accéder aux professionnels compétents (ex. diététiciens, kinésithérapeutes…).

La HAS a identifié des clés pour favoriser le développement de la prescription de ces thérapeutiques

Pour les pouvoirs publics
Poursuivre les expérimentations visant à tester l’impact de nouvelles formes de rémunération. L’objectif serait d’identifier les modalités permettant d’inciter les médecins à consacrer le temps nécessaire à ce type de prescription.
Favoriser le développement d’études sur l’efficacité comparative et l’efficience de ces thérapeutiques non médicamenteuses dans des contextes spécifiques de prise en charge.

Pour les professionnels de santé
« Officialiser » la prescription de thérapeutiques non médicamenteuses en rendant systématique leur inscription sur l’ordonnance au même titre que les médicaments.
Prendre le temps de donner des consignes précises et/ou orienter le patient vers des professionnels spécialisés (coordonnées, lettres de recommandation, …).

Pour les patients
Changer de regard sur la notion de « traitement » au profit d’une conception plus large, où les prises en charge médicamenteuses et non médicamenteuses sont perçues comme complémentaires, dans un objectif à la fois curatif et préventif.

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