Prévention des chutes accidentelles chez la personne âgée

Recommandation de bonne pratique - Mis en ligne le 01 nov. 2005 - Mis à jour le 19 juil. 2006

Médicaments, atteintes sensitives, cognitives ou motrices, comportement, environnement, de nombreux facteurs peuvent favoriser les chutes chez la personne âgée.
Leurs conséquences peuvent êtres majeures : séquelles physiques et psychologiques, jusqu’au syndrome post-chute avec désadaptation psychomotrice qui majore le risque de nouvelles chutes.
Il importe de mettre en place des stratégies de repérage du risque de chute, de prévention et de réadaptation multifactorielle et personnalisée.

Les principales questions abordées dans les recommandations sont :

  1. Comment repérer les personnes âgées à risque de chute ?
  2. Quels sont les causes et les facteurs de risque ?
  3. Quelles sont les interventions préventives ?
  4. Quels sont les acteurs de santé concernés ?

Les capacités d’adaptation au risque de chute accidentelle déclinent régulièrement avec l’avancée en âge. De nombreux facteurs intrinsèques ou extrinsèques peuvent favoriser la chute (les chutes accidentelles dues à une perte de connaissance, la survenue d’un accident vasculaire cérébral ou des accidents extrinsèques majeurs sont exclues de cette définition et n’ont pas été prises en compte dans ces recommandations). Les conséquences en termes de mortalité et de morbidité justifient une démarche de prévention systématique.

Point clé 1 : Repérer la personne à risque

1/ Penser systématiquement au risque

Demander à toute personne âgée, si besoin à son entourage, quel que soit le motif de consultation, si elle est tombée durant l’année précédente, et dans quel contexte (grade C).

2/ Rechercher les facteurs de risque (grade C)

Facteurs intrinsèques

Facteurs extrinsèques

  • Âge : plus de 80 ans
  • Santé et état fonctionnel : activités de la vie quotidienne et mobilité réduites, antécédents de chutes
  • Pathologies spécifiques : maladie de Parkinson, démences, dépression, incontinence, notamment urinaire par impériosité
  • Troubles locomoteurs et neuro-musculaires : force diminuée au niveau des genoux, hanches, chevilles, préhension manuelle réduite, troubles de la marche (anomalies et vitesse), équilibre postural et/ou dynamique altéré
  • Réduction de l’acuité visuelle
  • Prise de médicaments : polymédication  (au-delà de 4), psychotropes
  • Comportementaux : consommation d’alcool, sédentarité, malnutrition
  • Environnementaux : nécessité d’un instrument d’aide (ex. : canne),  prise de risque, habitat mal adapté

 

3/ Réaliser quelques tests simples en cours de consultation (grade C)

Voudriez-vous vous lever et faire quelques pas ? (Timed up and go test)
3 tests successifs, précédés d’un test d’apprentissage non comptabilisé

Le patient doit se lever d’un siège banal, faire environ
3 mètres, tourner, et revenir s’asseoir sans l’aide d’une autre personne (avec ou sans aide de type canne)
Déficit de mobilité à partir de 20 ‘’, important au-delà de 29 ‘’

Pouvez-vous tenir en équilibre sur une jambe ? (test unipodal)

Considéré comme anormal si tient mois de 5 secondes

Poussée sternale

Un déséquilibre à la poussée est prédicteur du risque de chute

QUE PENSEZ-VOUS DE …?
(walking and talking test)

Les personnes âgées fragiles s’arrêtent de marcher quand elles sont sollicitées sur un autre domaine d’attention

Point clé 2 : Évaluer le risque et intervenir

Évaluation et intervention sont de plus en plus intriquées et nécessairement multifactorielles et interdisciplinaires au fur et à mesure du vieillissement (grade A), selon les propositions résumées ci-dessous.

Étapes du
vieillissement
Évaluation Stratégies spécifiques Stratégies communes à
toutes les étapes
Personnes
âgées en bon
état de santé
vivant à
domicile
Évaluation de la chute
éventuelle et/ou des
facteurs de risque de
chute (cf. repérage)
  • Encouragement à poursuivre l’activité physique
  • Mise en place selon les besoins de programmes de rééducation adaptés
  • Correction des déficits neurosensoriels.
  • Attention particulière au pied de la personne âgée (chaussage et soins)
Personnes
âgées fragiles à
domicile ou en
institution
Idem
+ évaluation
gérontologique
standardisée (MMS,
ADL, IADL, statut
nutritionnel, troubles
de l’équilibre et de la
marche)
+ évaluation de
l’habitat
  • Programmes d’intervention  en fonction des résultats, notamment apprentissage du relever
  • Aménagement de l’habitat (dont la mise en place des systèmes de télé-alarme)
  • Conseils nutritionnels (préventifs), correction des déficits nutritionnels le cas échéant (notamment chez les personnes âgées dépendantes)
  • Mesures préventives et/ou curatives de l’ostéoporose, dont la supplémentation en vitamine D, surtout chez les personnes confinées à domicile ou en institution*
  • Recherche et correction d’éventuels facteurs de risque iatrogènes, allégements thérapeutiques chaque fois que possible
Personnes
âgées
dépendantes
vivant en
institution
Idem
+ évaluation des
polypathologies
  • Prise en charge des polypathologies, en particulier des démences de type Alzheimer
  • Remise en question des contentions éventuelles

 

MMS : Mini Mental Statement ; ADL : Activities of Daily Living ; IADL : Instrumental Activities of Daily Living.
*L’usage de protecteurs de hanche est recommandé en cas de risque élevé de fracture de hanche.
 
 

Chaque proposition doit être clairement expliquée et négociée au cours de la consultation, en respectant les besoins, craintes, représentations et valeurs propres à la personne concernée. Une coordination efficace entre les différents intervenants est indispensable

Figure 1. Arbre décisionnel pour la prévention des chutes chez la personne âgée

Chutes accidentelles 2


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