Évaluation des traitements de la COVID-19 : la HAS publie son évaluation du remdesivir

Communiqué de presse - Mis en ligne le 17 sept. 2020
17 septembre 2020

Depuis l’apparition de la COVID-19, la communauté internationale est mobilisée pour trouver des traitements de cette infection virale. Le remdesivir a été le premier à obtenir une autorisation de mise sur le marché (AMM) et à déposer un dossier pour être remboursé dans la prise en charge de ses formes sévères. Le laboratoire Gilead a retiré sa demande de remboursement du remdesivir après avoir eu connaissance des conclusions provisoires de la commission de la transparence de la HAS. La HAS prend acte de ce retrait malgré un avis favorable au remboursement et publie son avis.

Face à la pandémie de COVID-19 due au nouveau coronavirus (SARS-CoV-2), l’attente de traitements curatifs et préventifs efficaces est forte. Depuis le début de l’épidémie, la HAS s’est organisée pour évaluer en vue du remboursement, en urgence et dès la demande d’un laboratoire, tout médicament ayant une autorisation de mise sur le marché (AMM) dans cette maladie.

Le remdesivir (Veklury)  , antiviral du laboratoire Gilead, a été le premier à obtenir le 3 juillet 2020 une AMM, conditionnelle, pour le traitement des patients ayant une pneumonie associée à la COVID-19 et recevant une oxygénothérapie.

Le laboratoire a dès lors demandé à la commission de la transparence de la HAS l’évaluation de son médicament en vue du remboursement. Sur la base des données - préliminaires - fournies, la commission a procédé à cette évaluation lors des séances des 8 et 22 juillet derniers. A leur issue, elle a transmis au laboratoire son projet d’avis sur lequel il avait la possibilité de demander une phase contradictoire, droit que Gilead a dans un premier temps fait valoir en demandant une audition par la commission, avant de se rétracter début septembre et de retirer sa demande d’inscription au remboursement.

La HAS prend acte du retrait du laboratoire, avant même son audition et en dépit d’un avis favorable à l’inscription au remboursement dans certaines indications. Elle publie aujourd’hui le résultat de son évaluation et l’intégralité des débats, conformément à ses obligations réglementaires. Il est à noter que, bien que le remdesivir soit éligible à une évaluation économique, la commission d’évaluation économique et de santé publique (CEESP) a été dans l’incapacité d’évaluer son efficience dans l’indication revendiquée car le laboratoire n’a pas fourni de données.

 

Encore beaucoup d’incertitudes sur l’efficacité et la tolérance du remdesivir

La HAS a évalué le remdesivir dans l’indication validée (AMM conditionnelle) par l’agence européenne du médicament, à savoir les formes sévères de COVID-19 chez des patients oxygéno-requérants. L’ensemble des experts mobilisés sur cette évaluation étaient exempts de liens d’intérêt avec le laboratoire, conformément aux règles d’évaluation de la HAS.

A l’issue de son évaluation, la HAS considère que l’accès au remboursement n’est justifié que dans une population plus restreinte que celle de l’AMM, soit uniquement chez les patients âgés de 12 ans ou plus et pesant au moins 40 kg, hospitalisés pour la COVID-19 avec une pneumonie nécessitant une oxygénothérapie à faible débit.

Le service médical rendu est jugé faible compte tenu des données actuelles préliminaires qui montrent une réduction globale de 4 jours du délai de rétablissement clinique du patient (11 jours au lieu de 15) par rapport au placebo, et en complément des soins de support, ce qui est de pertinence clinique discutable. Le remdesivir ne montre pas à ce stade d’effet global sur la mortalité à 14 jours, avec un possible effet suggéré uniquement chez les patients qui nécessitent une oxygénothérapie à faible débit.

La commission de la transparence estime donc qu’une réévaluation est nécessaire sur la base les données de mortalité à 28 jours de l’étude américaine ACTT dès leur disponibilité et au plus tard en octobre 2020 dans un contexte de stratégies thérapeutiques très rapidement évolutives. Le remdesivir étant un antiviral, la HAS a également regretté l’absence de démonstration de son impact sur la charge virale.

Enfin, la HAS considère que l’accès au remboursement n’est pas justifié pour les patients hospitalisés pour COVID-19 avec une pneumonie nécessitant une oxygénothérapie à haut débit, ou une oxygénothérapie lors de la ventilation assistée non invasive ou invasive ou une oxygénothérapie par membrane extracorporelle, aucun bénéfice clinique n’ayant été suggéré dans ces populations à partir des données disponibles.

 

La HAS reste en veille et se tient prête à évaluer d’autres traitements

Plusieurs candidats médicaments sont actuellement en cours d’étude ciblant différents mécanismes d’action sur le SARS-CoV-2 :

  • des médicaments qui visent à freiner la multiplication du virus, notamment de nouveaux antiviraux ;
  • des médicaments qui visent à moduler le système immunitaire : vaccins, anticorps monoclonaux, anticorps de donneurs (plasma de convalescent), etc.

En attendant que les essais cliniques permettent à des médicaments d’obtenir une autorisation de mise sur le marché dans le traitement de la COVID-19, il n’existe pas de traitement antiviral de référence des patients infectés par le virus SARS-Cov-2. La prise en charge repose principalement sur les soins de support standard et les corticoïdes qui sont recommandés depuis peu dans les formes sévères par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le Haut Conseil de la santé publique (HCSP). L’agence européenne du médicament (EMA) étudie une AMM pour la dexaméthasone dans cette indication.

La HAS est organisée pour évaluer en urgence tout nouveau médicament utile au traitement de la COVID-19.

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