Prise en charge des personnes infectées par les virus de l’hépatite B, C ou D

Recommandation de bonne pratique - Label - Mis en ligne le 03 oct. 2023 - Mis à jour le 19 janv. 2024
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À la demande du ministère chargé de la santé, le Conseil National du Sida et des hépatites virales (CNS) et l'Agence nationale de recherches sur le sida | Maladies infectieuses émergentes (ANRS | MIE) ont sollicité la Haute Autorité de santé (HAS) pour l’élaboration d’une actualisation des recommandations françaises de prise en charge des hépatites virales.

L’accompagnement de la HAS s’est inscrit dans le cadre de la labellisation par la HAS d’une recommandation élaborée par le CNS et l’ANRS | MIE.

 

Quels sont les objectifs de cette recommandation ?

Ces recommandations ne concernent que la prise en charge thérapeutique médicamenteuse (curative et préventive) des hépatites virales.

Il s’agit de proposer une prise en charge thérapeutique optimale des malades infectés par le virus de l’hépatite B, C ou D.

 

A qui s'adresse cette recommandation ?

Hépatologues, infectiologues, internistes, addictologues, virologues, médecins généralistes, médecins du travail, pédiatres, diabétologues endocrinologues, gynéco-obstétriciens, infirmières.

Personnes infectées par les virus de l’hépatite B, C, ou D, représentants des usagers et associatifs.

 

Quelles sont les principales recommandations ?

Prise en charge de l’hépatite C

  • La mise à disposition, en 2017, de traitements antiviraux à action directe (AAD) pangénotypiques, très efficaces et bien tolérés et la capacité de proposer un traitement pour tous, a permis d’envisager un contrôle de l’hépatite C en France.
  • L’hépatite C est une maladie virale, et également hépatique, justifiant l’évaluation de l’atteinte hépatique pré-thérapeutique, qui permettra de définir la durée et la fréquence du suivi.
  • Le diagnostic d’une hépatite C se pose sur la présence d’anticorps anti-VHC dans le sérum ou le plasma détectés, par des tests immunologiques de 3è ou 4è génération, associée à la détection dans le sérum et/ou le plasma de l’ARN du VHC.
  • Un traitement par AAD pangénotypique permet une réponse virologique soutenue (RVS), signant la guérison virologique, chez  la majorité des patients (environ 98%).
  • La guérison de l’infection virale C permet de prévenir, réduire ou annuler les complications hépatiques, les manifestations extra hépatiques et les décès liés au VHC, d’améliorer la qualité de vie des personnes et d’éviter la transmission du virus.
  • Ces traitements et l’augmentation du nombre de patients dépistés permettront d’envisager un contrôle de l’hépatite C en France, avec l’espoir de son élimination d’ici 2025 comme escompté par le ministère en charge de la Santé.

 

Prise en charge de l’hépatite B 

  • Malgré l’existence d’un vaccin efficace, l’infection chronique par le VHB reste un problème de santé publique majeur touchant 316 millions de personnes dans le monde, et responsable d’une morbi-mortalité importante par son risque d’évolution vers la cirrhose et le carcinome hépatocellulaire (CHC).
  • Après une hépatite aiguë, le plus souvent résolutive, l’infection à VHB est définie comme chronique lorsque l’AgHBs persiste au-delà de 6 mois.
  • Les traitements actuellement disponibles contre le VHB permettent une viro-suppression, sans véritable guérison virologique. L’indication thérapeutique dépend de la phase de l’infection.
  • Dans le cas particulier d’une femme enceinte avec forte charge virale (ADN VHB≥200 000 UI), sans indication préalable de traitement, il est recommandé de proposer un traitement par TDF au 3e trimestre de la grossesse, jusqu’à 12 semaines après l’accouchement afin de réduire le risque de transmission mère-enfant.
  • L’introduction d’un traitement antiviral est recommandée en cas de cirrhose (compensée ou décompensée) avec ADN VHB détectable.
  • En cas de cirrhose décompensée, il est recommandé d’adresser le patient à un centre de transplantation hépatique, en parallèle de l’instauration d’un traitement antiviral.
  • En cas de cirrhose avec ADN VHB indétectable et sans co-infection, le traitement antiviral n’est pas indiqué, sous réserve de la possibilité de suivi.
  • Le traitement antiviral doit être considéré de façon systématique en cas d’antécédent familial de cirrhose ou de carcinome hépatocellulaire.
  • Il est également important de dépister l’entourage des patients porteurs chroniques du VHB (partenaires sexuels, personnes partageant le foyer, enfants) et de leur proposer la vaccination si leur sérologie est négative.

 

Prise en charge des hépatites D 

  • L’infection par le VHD ne s’observe que chez les patients infectés par le VHB. Elle est responsable d’une maladie hépatique plus sévère et doit impérativement être dépistée devant tout AgHBs positif.
  • Pour le patient, l’enjeu est de diminuer les complications sévères telles que cirrhose, décompensation hépatique et carcinome hépatocellulaire.
  • Récemment, un nouveau traitement du virus de l’hépatite Delta (VHD), le bulevirtide (BLV) a reçu une Autorisation de mise sur le marché (AMM), mais son efficacité au long terme reste mal connue.

Actualisation

2024

L’ANRS-MIE et le CNS ont actualisé les recommandations de prise en charge des personnes infectées par le virus de l’hépatite C en janvier 2024. Les points d’actualisation et modifications des recommandations d’octobre 2023 ont porté sur :

  • Chapitre 6 : Quel est le bilan pré-thérapeutique ?
    • suppression de la recommandation « Il est recommandé de faire un ECG pré-thérapeutique en cas de traitement par SOFOSBUVIR »
    • ajout de la recommandation  « Il est proposé de faire un ECG pré-thérapeutique avant tout traitement par AAD, à la recherche d’un trouble du rythme ou de la conduction ».
  • Chapitre 16 : Quel traitement chez les enfants-adolescents ?
    • Formulation des recommandations en tenant compte du poids de l’enfant    
  • Annexe 3 « Traitements antiviraux disponibles en France »
    • Intégration de l’association fixe « sofosbuvir/ledipasvir (Harvoni@) » dans la colonne « traitements non pangénotypiques »
  • Modifications de l’argumentaire en pages 58 et 248.