Agir en premier recours pour diminuer le risque alcool – Repérer tous les usages et accompagner chaque personne

Outil d'amélioration des pratiques professionnelles - Mis en ligne le 26 oct. 2023 - Mis à jour le 26 oct. 2023

L’alcool est un sujet de santé pour tous. Le professionnel de premier recours est un acteur privilégié pour toucher l’ensemble de la population et accompagner chaque personne au plus près de sa réalité de vie et de ses usages d’alcool. La HAS a élaboré plusieurs documents pour aider les professionnels et tous les acteurs qui contribuent à la santé à agir dès le premier recours via une repérage systématique, précoce et régulier de tous les usages et un accompagnement de chaque personne quelle que soit sa situation en s’appuyant sur un réseau de partenaires.

Contexte

Dans le classement selon la gravité des dommages globaux (individuels et collectifs) induits par les substances psychoactives, l’alcool est en première position, avant même l’héroïne, le crack, la cocaïne, mais également avant le tabac.

Au Royaume-Uni

Drug harms in the UK - a multicriteria decision analysis - The Lancet 2010.pdf

Source : Nutt DJ, King LA, Phillips LD. Drug harms in the UK: a multicriteria decision analysis. Lancet 2010;376(9752):1558-65. Figure 4: Overall weighted scores for each of the drugs p. 1563. http://dx.doi.org/10.1016/s0140-6736(10)61462-6

 
En France

Addiction - 2012 - A damage-benefit evaluation of addictive product use

Source : Bourgain C, Falissard B, Blecha L, Benyamina A, Karila L, Reynaud M. A damage/benefit evaluation of addictive product use. Addiction 2012;107(2):441-50. Figure 1 Products ordered by decreasing overall damages. Contributions to the overall score of each six damage criteria.The three user criteria are clustered at the top shown in blue; the three social criteria at the bottom shown in red – p. 445. http://dx.doi.org/10.1111/j.1360-0443.2011.03675.x

 

La majorité des dommages liés à l’alcool concerne des personnes qui n’ont pas de critères de trouble de l’usage (donc d’addiction) mais dont l’usage d’alcool n’a jamais été repéré comme étant à risque ou bien est excessif (de façon chronique et/ou ponctuelle à type de binge drinking) mais banalisé.

Quelles qu’en soient les modalités d’usage, l’alcool constitue un risque pour toutes les dimensions de la personne (somatique, psychique, affective, relationnelle, familiale, socio-professionnelle, juridique, économique) et à tout âge.

Quels sont les objectifs de ces documents ?

  • Faire de l’alcool un sujet de santé comme les autres, qui concerne tous les usagers du système de santé, tout au long de leur vie, et pas seulement en cas de complication apparente ou d’usage problématique.
  • Favoriser l’accompagnement de tous les usagers du système de santé en portant à la connaissance des personnes et de leur entourage la réalité des risques liés à l’alcool et toutes les possibilités de les diminuer.
  • Œuvrer au pouvoir d’agir (empowerment) des personnes face à l’alcool afin qu’ils puissent en diminuer les risques, pour eux-mêmes et leur entourage.

À qui s’adressent ces documents ?

Tous les acteurs contribuant à la santé et plus particulièrement les professionnels (sanitaires, sociaux, médico-sociaux) impliqués dans les missions de premier recours, parmi lesquels : dentistes, diététiciens, infirmiers, médecins généralistes, pédiatres, pharmaciens, psychiatres, psychologues, professionnels de la médecine du travail, de la santé de la femme (gynécologues, obstétriciens, sages-femmes, PMI), des milieux scolaires et universitaires, des urgences, travailleurs sociaux et médico-sociaux.

Messages clés

  • L’alcool est un sujet de santé pour tous, même en l’absence de signe d’alerte :
    • comme l’activité physique, l’alimentation, le sommeil, la sexualité, l’usage de médicaments, le tabagisme, l’environnement, l’alcool fait partie des questions courantes d’hygiène de vie ;
    • l’aborder avec toutes les personnes et tout au long de leur vie, de façon simple, systématique, non stigmatisante, participe de l’évaluation globale et du suivi de l’état de santé de chacun.

  • L’accompagnement s’initie en ouvrant le dialogue sur le sujet alcool :
    • sans juger ni culpabiliser, sans dramatiser ni banaliser ;
    • en respectant la temporalité de chacun et en laissant toujours la porte ouverte aux échanges en fonction des besoins et des priorités de la personne qui peuvent être de nature psychologique ou sociale.

  • Œuvrer dès le plus jeune âge, quel que soit le genre, tout au long de la vie et dans une approche globale, au réflexe de repérage interventionnel comme guide d’appréciation dynamique des fonctions et des risques liés à l’alcool ainsi que des actions pouvant les diminuer, contribue à une balance favorable à la santé et la qualité de vie.

  • Chacun peut diminuer les risques liés à ses usages d’alcool, quelles qu’en soient les modalités et quelle que soit son histoire. Toute action en ce sens, aussi infime soit-elle en apparence, peut avoir un impact positif pour soi-même et pour son entourage, et en favoriser d’autres.

  • Pour ce faire, l’accompagnement se coconstruit avec chaque personne, dès le premier recours, à partir des données du repérage en respectant son autonomie décisionnelle quant à ses objectifs propres et son savoir expérientiel, afin de lui permettre d’agir sur :
    • ses motivations, ses ressources internes, ses difficultés, son ambivalence (Fiche 8) ;
    • ses modalités d’usage : dont la quantité consommée, la fréquence, les habitudes et les rituels de consommation, l’ambiance, l’environnement, l’entourage, le style de vie ;
    • les effets recherchés en identifiant des alternatives à l’alcool ;
    • les risques liés à ses usages, notamment en sécurisant du mieux possible les alcoolisations importantes et les situations de vulnérabilité (Fiches 5, 6, 7) ;
    • ses besoins et priorités (logement, protection en cas de violences, souffrance, travail, isolement) ;
    • ses compétences psycho-sociales, dont la capacité de résolution des problèmes et de gestion des émotions (Fiche 9).

  • L’acteur de premier recours n’est pas isolé pour traiter du sujet alcool avec ses patients et pour les accompagner. Au contraire, il s’inscrit dans un réseau partenarial au sein duquel chaque acteur, à partir de ses compétences spécifiques, contribue à la santé au travers d’une approche médico-psycho-sociale décloisonnée (schéma et fiche 4).

Abréviations : AJA : adolescents et jeunes adultes ; CAARUD : centre d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues ; CJC : consultation jeunes consommateurs ; CPTS : communauté professionnelle territoriale de santé ; CSAPA : centre de soin, d’accompagnement et de prévention en addictologie ; ELSA : équipes de liaison et de soins en addictologie ; MSP : maison de santé pluriprofessionnelles ; RdRD : réduction des risques et des dommages ; RPIB : repérage précoce avec intervention brève
  • C’est parmi l’ensemble de ces intervenants (de premier recours, spécialisés, associatifs, non sanitaires, etc.) que la personne peut choisir son référent privilégié et s’autonomiser en s’appropriant ses choix propres.

 

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