Dans son rapport d’analyse prospective « Sexe, genre et santé », publié en décembre 2020, la HAS appelait à une prise de conscience collective afin de considérer les questions de sexe et de genre de manière globale et nuancée pour mieux soigner et accompagner les personnes et ne pas aggraver les inégalités en santé.

Pour cela, elle formulait 10 propositions destinées aux acteurs des secteurs sanitaire, social et médico-social et aux pouvoirs publics. Elle s’engageait également pour une meilleure inclusion de ces questions dans ses actions. Elle dresse aujourd’hui un premier bilan.

Rapport d'analyse prospective 2020 "Sexe, genre et santé"

 

Accompagner cette prise de conscience auprès du public et des autres acteurs

La HAS a porté le sujet « Sexe, genre et santé » auprès de plusieurs cibles :

  • la communauté scientifique par la rédaction d’articles et la participation à des congrès ;
  • les différents acteurs de la santé et de la formation par des présentations du rapport dans des cadres universitaires ou à la demande de diverses organisations ;
  • le grand public par des actions presse (communiqué de presse et interviews) et une campagne de communication sur les réseaux sociaux ;
  • les acteurs à l’international par la publication d’une version en anglais du rapport, partagée notamment avec les réseaux EUnetHTA et ISQua.

Un dialogue entre des acteurs de la recherche et de la formation, ainsi que des professionnels de terrain pour imaginer une meilleure prise en compte du sexe et du genre a été initié par l’organisation d’une conférence en ligne, le lundi 28 juin 2021. Cette conférence, suivie par plus de 1 000 personnes, a été l’un des temps forts de communication.

Une campagne de sensibilisation sur les réseaux sociaux a suivi pour déconstruire certaines idées reçues et favoriser une prise de conscience élargie de la société : « Quelle influence du sexe et du genre en santé ? On gagne toujours à se poser la question. ».

Enfin, dans le cadre de la définition du plan national d’actions pour l’égalité des droits, contre la haine et les discriminations anti-LGBT+ porté par la Dilcrah (Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT), la HAS a préconisé que la formation des soignants comporte un volet de sciences humaines et sociales favorisant l’intégration des questions de différence - au sens large - à leur cursus et donc à leurs futures pratiques.

Publications et communications scientifiques
  • Présentation  - Integration of sex and gender in public health and welfare policies: an analysis of the French National Authority of Health, ICIC2021. AS Grenouilleau et al.
  • Présentation et poster - Sex and gender in French Practice guidelines, GIN 2021. E Blondet et al.
  • Deux articles sont en cours de publication dans la revue Santé publique
 

 

Sensibiliser les collaborateurs

À la suite de la publication du rapport "Sexe, genre et santé", un travail de sensibilisation a été conduit  auprès de l’ensemble des collaborateurs de la HAS. Une campagne d’affichage, une présentation du rapport à l’ensemble du personnel ainsi qu’une formation sur les études cliniques intégrant cette préoccupation ont été réalisées.

Comme elle s’y était engagée, la HAS a intégré la préoccupation du sexe et du genre aux méthodologies de recherche documentaire qui fonde tous ses travaux (évaluations, recommandations, etc.). Les prochaines recommandations de bonne pratique sur le diabète de type 2 et celles sur l’annonce d’un diagnostic psychiatrique seront les premières publications de la HAS à bénéficier de cette évolution. La création d’un dossier thématique par le service documentation et veille de la HAS permet à tous de retrouver les publications abordant ce sujet et rappelle à chacun l’importance du sexe et du genre en tant que déterminant de la santé.

Les questions d’égalité et de non-discrimination, notamment liées au sexe et au genre, sont portées par le service des ressources humaines au sein de la HAS. L’équilibre femmes-hommes constitue aussi désormais un objectif pour le renouvellement des commissions et des groupes de travail de la HAS : la commission de transparence (CT) et la commission nationale d'évaluation des dispositifs médicaux et des technologies de santé (CNEDiMTS) ont ainsi quasiment atteint la parité lors de leur renouvellement en 2021.

Parallèlement, le service engagement des usagers porte le questionnement interne sur la manière d’être plus inclusif dans les sollicitations de la HAS vis-à-vis des acteurs externes (experts et usagers), que ce soit dans les courriers, les enquêtes, les appels à candidature, etc. Ne pas s’en tenir à la binarité classiquement admise (madame, monsieur) n’est pas si simple.

 

Et après ?

Ces actions de valorisation ont été largement saluées, tant par les acteurs concernés que par les collaborateurs de la HAS, preuve qu’il était important que la préoccupation du rôle du sexe et du genre sur la santé soit portée par une institution scientifique. La crise sanitaire de la Covid-19, qui n’est pas sans résonnance avec ce travail (mortalité liée au sexe et inégalités sociales liées au genre), montre à quel point il est nécessaire de tenir les engagements pris à plus long terme.

Plus largement, c’est la question de la prise en compte des différences entre individus en santé qui était soulevée par ce rapport ; c’est pourquoi la HAS prévoit d’intégrer le sujet de la lutte contre les inégalités dans son futur projet stratégique.

 

3 questions à...

Anne-Sophie Grenouilleau, conseillère technique à la HAS Anne-Sophie Grenouilleau, conseillère technique responsable du rapport d’analyse prospective (janvier 2018 – septembre 2021)

L’équipe projet a été à plusieurs reprises sollicitée pour présenter le rapport, pouvez-vous nous en dire plus ?

En effet, dès la publication du rapport, nous avons reçu des demandes. Nous sommes intervenus à la Commission santé, bien-être et bientraitance du CNCPH*, à l’intersyndicale nationale des internes (ISNI), aux journées thématiques Santé sexuelle, mais aussi à la Maison des sciences de l’Homme Lyon Saint-Etienne (MSH). Aujourd’hui encore, je continue d’être sollicitée au nom de la HAS pour porter les messages de ce rapport par exemple dans le cadre universitaire pour des formations initiales de futurs acteurs de la santé et continues pour un public plus large, ou encore lors de journées de mobilisation sur la santé des femmes.

Les choses ont-elles évolué depuis la publication ?

Oui et non. D’un côté, la conférence des Doyens de médecine (la vice-présidente a participé à la conférence en ligne HAS en juin 2021) œuvre pour que les futurs soignants apprennent à tenir compte du sexe et du genre et plus généralement des différences. Nous avons d’ailleurs profité de notre échange avec la Dilcrah pour impulser une réflexion commune. D’un autre côté, on assiste à des évolutions sociétales sur ces questions si rapides que les institutions scientifiques peuvent donner le sentiment d’aller trop lentement. Mais chi va piano va sano

Quels sont les freins selon vous ?

Le principal obstacle est lié aux représentations entourant ces questions. Mais tous les espoirs sont permis car une fois que quelqu’un est sensibilisé au sujet, il ne fait que progresser. Il s’agit donc de semer des graines de conscience. C’est ce que nous avons essayé de faire, y compris au sein de la HAS.

* Conseil national consultatif des personnes handicapées