Dans sa recommandation « Repérage des femmes victimes de violences au sein du couple » publiée en 2019, la HAS recommande aux professionnels de santé de premier recours de demander à toutes leurs patientes si elles subissent ou ont subi des violences par le passé, même en l’absence de signes d’alerte. L’enjeu est de faciliter la parole des victimes en normalisant le sujet, afin d’assurer une prise en charge plus précoce. A l’occasion de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, ce samedi 25 novembre, la Haute Autorité de santé a réalisé une étude pour suivre l’appropriation de cette recommandation par les médecins généralistes. Les résultats soulignent que les patientes sont très favorables à ce questionnement systématique, qui reste trop peu mis en œuvre aujourd’hui.

 

Un sujet d’ampleur difficile à aborder

En moyenne en France, on estime que 3 à 4 femmes sur 10 pourraient être victimes de violences conjugales dans la patientèle d’un médecin généraliste. Le plus souvent, ces femmes n’abordent pas spontanément les violences qu’elles subissent. Les conséquences physiques et psychiques de ces violences sont alors mal prises en charge.

C’est pourquoi la HAS encourage les professionnels de premier recours à faire savoir à leurs patientes qu’ils sont un interlocuteur à leur écoute. Mais aborder le sujet est délicat et cette recommandation peine à entrer dans leurs pratiques quotidiennes. Les freins sont multiples : méconnaissance de l’ampleur du problème ou du phénomène d’emprise, sentiment d’impuissance et découragement, peur de dégrader la relation avec la patiente…

 

Un questionnement très bien perçu des patientes mais peu appliqué

Pour suivre l’évolution des pratiques des médecins généralistes, la HAS a mis en place un baromètre en lien avec l’institut BVA : près de 1000 femmes ont été interrogées en octobre 2022 et en octobre 2023 pour savoir si le sujet avait été abordé en consultation par leur médecin.

Les deux premières mesures de ce baromètre mettent en évidence une stagnation des pratiques. En 2022 comme en 2023, peu de femmes déclarent avoir été interrogées par leur médecin généraliste sur leur relation avec leur partenaire (14 %), et encore moins déclarent avoir été directement questionnées sur d’éventuelles violences conjugales (3 %). Parmi les répondantes, une femme sur cinq déclare pourtant subir ou avoir subi des violences (physiques, verbales, psychologiques, sexuelles…) de la part de leur partenaire.

Contrairement aux craintes de certains professionnels, 96% des femmes interrogées considèrent qu’un questionnement systématique par le médecin est une bonne chose (48% une très bonne chose, 48% plutôt une bonne chose). Interrogées sur une batterie d’items, 9 femmes sur 10 estiment même qu’aborder ce sujet en consultation est important, légitime et rassurant.

 

Des outils pour accompagner les professionnels  

Au vu de ces résultats, la HAS réaffirme son engagement aux côtés des professionnels de santé et des femmes dans la lutte contre les violences conjugales. Elle met à cet effet, plusieurs documents et outils à la disposition des professionnels afin de faciliter ce dialogue. Outre les recommandations et fiches pratiques associées, la HAS a conçu un outil d’aide au repérage des violences conjugales particulièrement apprécié pour son format court et son orientation pratique. Cet outil répond aux principales questions que peuvent se poser les professionnels : pourquoi dépister, comment dépister et que faire en cas de violences.

La HAS propose également deux formats vidéo :

 

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