Dépistage du déficit en biotinidase et de la galactosémie : Évaluation a priori de l’opportunité d’un dépistage à la naissance en population générale en France
Le déficit en biotinidase et la galactosémie sont deux maladies liées à un déficit enzymatique, pouvant entrainer des symptômes cliniques graves pour le nourrisson en l’absence de traitement.
À l’issue de son évaluation, la Haute Autorité de santé recommande aux pouvoirs publics d’intégrer le déficit en biotinidase et la galactosémie dans le programme national de dépistage néonatal, et développe les modalités de mise en œuvre.
Sur la base de la revue de la littérature sur les six critères majeurs pour l’inclusion d’une nouvelle maladie au programme de DNN, tous les critères pour inclure le déficit en biotinidase sont remplis.
Concernant la GALT, les critères sont remplis à l’exception de ceux relatifs à la fiabilité de l’examen de dépistage et du temps d’apparition des symptômes, partiellement atteints. Toutefois, considérant :
- l’efficacité démontrée du traitement sur la réversibilité des premiers symptômes cliniques dès lors qu’il est instauré précocement,
- l’augmentation établie des performances du DNN en combinant deux mesures,
- la capacité de la Commission de Biologie du Centre national de coordination du dépistage néonatal (CNCDN) de développer des algorithmes de dépistage garantissant des performances optimales du DNN,
- la nécessité d’une prise en charge rapide des nouveau-nés, indépendamment de leur lieu de naissance, et de garantir une meilleure équité d’accès aux soins,
la HAS estime que la GALT peut être proposée pour intégrer le programme de DNN.
Recommandation
Au terme de son évaluation, la HAS recommande d’élargir au déficit en biotinidase et à la galactosémie le DNN en population générale en France.
Mise en œuvre
Algorithme de dépistage et de diagnostic
La HAS recommande :
- l’utilisation de techniques fluorimétriques pour le dépistage des deux maladies ;
- le dépistage biologique de la galactosémie congénitale repose sur la combinaison du dosage de l’activité enzymatique de la GALT et du dosage du galactose total, réalisés de manière séquentielle, selon l’organisation retenue par la commission de biologie ;
- que soit utilisé un algorithme validé, pour le diagnostic et la prise en charge des patients atteints de BIOT et de GALT.
La HAS rappelle les recommandations qui s’appliquent pour toute maladie dépistée dans le cadre du DNN :
Organisation
La HAS recommande que :
- l’ensemble des surfaces de dépôt des échantillons de sang du carton buvard soient remplies pour permettre le dépistage de toutes les maladies incluses au programme ;
- les maternités transmettent les cartons/buvards de prélèvement sanguin aux Centres régionaux de dépistage néonatal (CRDN) dans les 24h (y compris les weekends et les jours fériés), ceci afin de réduire le délai de rendu des résultats ;
- l’organisation soit adaptée pour respecter strictement l’ensemble des délais, en particulier les délais d’instauration du traitement, condition indispensable au succès du dépistage.
Formations et informations
La HAS recommande que :
- la proposition d’élargissement du DNN soit accompagnée d’une formation de l’ensemble des professionnels de santé impliqués dans le DNN. Cette formation devra porter tant sur les aspects techniques que sur les aspects relationnels, en particulier sur la délivrance de l’information aux familles ;
- une première information sur le DNN soit donnée aux parents pendant la grossesse, au cours des consultations prénatales du troisième trimestre ;
- soit développé du matériel d’information adapté aux différents publics y compris les parents et les futurs parents, les professionnels de santé impliqués dans le DNN et la prise en charge des malades dépistés, les familles ainsi que le public en général.
Moyens techniques et ressources
- La HAS recommande la mise à disposition de moyens humains, matériels et financiers suffisants dédiés à la mise en œuvre de ce dépistage, au suivi, à la remontée des données et à son évaluation (jalonnée et finale) ;
- Il conviendra de veiller à ce que ce programme national soit applicable, que les parcours soient harmonisés et fluidifiés, et ce dans tout le territoire afin d’éviter des inégalités territoriales ;
- Une attention particulière devra être portée aux contraintes d’organisation spécifiques aux départements, régions et collectivités d’outre-mer (DROM-COM).
Suivi et évaluation
La HAS rappelle l’importance des indicateurs signalés dans l’annexe I de l’arrêté du 28 février 2018, dont le respect permettra d’évaluer le délai d’obtention du prélèvement, le délai de son acheminement, sa qualité, le délai de réalisation des examens biologiques de dépistage, le délai de rendu du résultat, les résultats du DNN, la prévalence des nouvelles maladies dépistées ici recommandées, la performance de l’examen (faux positifs, VPP, faux négatifs), …
Ces recommandations pourront être actualisées en fonction de l’évolution des connaissances scientifiques, des mesures de performance du DNN en France et du bénéfice individuel démontré pour l’enfant dépisté, notamment pour les formes moins sévères ou moins fréquentes de ces deux maladies.