HEPCLUDEX (bulévirtide) - Hépatite D chez les patients adultes et pédiatriques âgés de 3 ans et plus

Avis sur les Médicaments - Mis en ligne le 07 août 2025

Nature de la demande

Réévaluation à la demande de la CT et Extension d'indication

Réévaluation à la demande de la CT / Extension d’indication pédiatrique

 

L'essentiel

Avis favorable au remboursement dans le traitement de l'infection chronique par le virus de l'hépatite delta (VHD) chez les patients adultes et pédiatriques âgés de 3 ans et plus, pesant au moins 10 kg, présentant une maladie hépatique compensée testés positifs pour la présence d'ARN du VHD dans le plasma (ou le sérum).

 

Quel progrès ?

Un progrès thérapeutique dans la stratégie de prise en charge.

 

Quelle place dans la stratégie thérapeutique ?

Il est recommandé de toujours associer un traitement anti-VHB par analogue nucléos(t)idique (NA) au traitement du VHD.

Objectif de la prise en charge

Le but ultime du traitement du VHD est d’améliorer la survie et la qualité de vie des patients, en prévenant la progression de la maladie hépatique (cirrhose et carcinome hépatocellulaire).

Pour atteindre cet objectif, il est primordial d’obtenir une suppression au long cours de la réplication du VHD (ARN VHD négatif pendant et à distance de l’arrêt du traitement), associée à une normalisation prolongée du taux sérique des transaminases.

Compte tenu du taux élevé de rechute virologique tardive avec les molécules actuellement disponibles, il est recommandé de mettre en œuvre un suivi prolongé des patients, avec des mesures de l’ARN VHD pendant au moins 10 ans avant de parler de guérison virologique.

Recommandation de prise en charge

Il est recommandé de traiter tous les patients ayant une réplication active du VHD (ARN VHD positif) associée à une activité et/ou une fibrose hépatique significative constatée par une biopsie hépatique (score Metavir  A2 et/ou F2), ou une cirrhose Child-Pugh A. Avec les données actuellement disponibles, il est recommandé d’exclure du traitement les patients ayant une cirrhose décompensée Child-Pugh B ou C.

Il est recommandé de toujours associer un traitement anti-VHB par analogue nucléos(t)idique (NA) au traitement du VHD.

Chez l’adulte

Il est recommandé de décider du choix du traitement anti-VHD lors d’une réunion de concertation pluridisciplinaire.

Dans l’état actuel des connaissances :

  • Chez un patient naïf, en l’absence de cirrhose décompensée Child-Pugh B ou C, il est recommandé de mettre en œuvre un traitement par bithérapie bulévirtide 2mg/jour (voie sous-cutanée) + pegIFNα 180µg/sem (voie sous-cutanée).
  • Chez les patients répondeurs/rechuteurs ou non répondeurs après un traitement par pegIFNα, une bithérapie bulévirtide + pegIFNα est recommandée.

En cas de contre-indication ou d’intolérance au pegIFNα, il est recommandé d’envisager une monothérapie par bulévirtide.

Il est recommandé d’envisager une monothérapie par pegIFNα :

  • En cas d’impossibilité pratique d’utilisation du bulévirtide.
  • Chez certains patients ayant des facteurs prédictifs de bonne réponse au pegIFNα, avec réévaluation à 3 ou 6 mois et ajout de bulévirtide en cas d’inefficacité.

En cas d’échec d’une stratégie comprenant du bulévirtide, il est recommandé de privilégier l’inclusion des patients dans un essai clinique ne comportant pas de bras placebo.

Une éducation thérapeutique est recommandée pour une utilisation optimale du bulévirtide.

Chez l’enfant

La décision de mise sous traitement nécessite l’avis d’un pédiatre spécialisé en hépatologie, et il est recommandé de discuter le dossier en réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP) compte tenu de la difficulté à utiliser un traitement anti-VHD.

 

Recommandations particulières

Au regard des incertitudes actuelles concernant l’efficacité, la tolérance et les modalités d’utilisation d’HEPCLUDEX (bulévirtide) et de la complexité de la prise en charge (stade clinique, durée optimale de traitement et suivi des patients), la Commission préconise la restriction de la prescription de HEPCLUDEX (bulévirtide) aux médecins expérimentés dans la prise en charge des patients ayant une infection chronique par le VHD et après discussion en réunion de concertation pluridisciplinaire.


Service Médical Rendu (SMR)

Important

Le service médical rendu par HEPCLUDEX (bulévirtide) est important dans l’indication de l’AMM.


Amélioration du service médical rendu (ASMR)

IV (mineur)

Compte tenu :

  • des données préliminaires (études MYR 202, MYR 203) précédemment évaluées lors de la primo-inscription (avis de la CT du 16/12/2020) ayant démontré :
    • une efficacité virologique contre le VHD, en co-administration avec un analogue nucléosidique/nucléotidique actif contre le VHB, chez des patients en échec ou intolérants à l’interféron alpha pégylé (réduction d’au moins 2 log ou négativation de la charge virale chez environ 50 % des patients à 24 semaines, mais avec une charge virale indétectable chez seulement 4 %),
    • une obtention d’une réponse combinée (réponse virologique et normalisation des ALAT) chez seulement 20 % des patients à 24 semaines,
  • des nouvelles données qui confortent les résultats précédemment évalués :
    • étude de phase III (MYR 301), comparative versus traitement différé, ayant démontré à 48 semaines une réponse combinée alliant une réponse virologique (ARN du VHD indétectable [< LLOQ, limite inférieure de quantification, cible non détectée] ou une diminution de l'ARN du VHD de ≥ 2 log10 UI/mL]) et une normalisation biologique des ALAT chez 44,9 % (IC95% [30,7% ; 59,8 %] des patients traités,
    • étude de phase IIb (MYR 204) n’ayant pas mis en évidence de supériorité du bulévirtide 2 mg (administré pendant 96 semaines) en association à l'interféron pégylé pour une durée déterminée (administré pendant 48 semaines) par rapport à l’interféron pégylé seul pendant 48 semaines, sur le pourcentage de patients ayant atteint un ARN du VHD indétectable à la semaine 24 après la fin prévue du traitement (32% versus 16,4 %, p = 0,26),
  • du fait que les effets du bulévirtide ne sont pas maintenus en cas d’arrêt du traitement, même après 96 semaines de traitement (étude MYR 204) ; il est donc nécessaire de poursuivre le traitement au long cours. A ce jour, la durée optimale du traitement n’est pas connue,
  • d’un bon profil de tolérance meilleur que celui de l’interféron, mais marqué par un risque important identifié dans le cadre du PGR, d’exacerbation de la maladie hépatique survenant à l’arrêt du traitement possiblement lié au rebond virologique ; et il n’existe pas de données de tolérance à long terme concernant les patients ayant une élévation des acides biliaires totaux induite par le médicament,
  • du besoin médical important en particulier, chez les patients en échec ou intolérants à l’interféron alpha pégylé et en l’absence d’alternative dans cette situation,
  • de l’absence de donnée clinique dans la population pédiatrique, pour laquelle l’AMM est extrapolée à partir des données cliniques de l’adulte et des données de pharmacodynamie/pharmacocinétique dans la population pédiatrique obtenues uniquement par simulation,

la Commission considère que HEPCLUDEX (bulévirtide) apporte une amélioration du service médical rendu mineure (ASMR IV) dans la stratégie de prise en charge des patients infectés par le VHD dans le cadre des recommandations émises par la HAS.


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