November 12, 2025

Thématique phare de son projet stratégique 2025-2030, la prévention est le sujet de la nouvelle analyse prospective du système de santé, adressée par la Haute Autorité de santé (HAS) au Gouvernement et au Parlement. Dans un contexte marqué par de fortes contraintes budgétaires, la HAS appelle à renforcer l’éclairage des décideurs par des données probantes pour leur permettre d’apprécier la pertinence des interventions de prévention et de promotion de la santé et donc les bénéfices attendus pour la population. A cet effet, elle propose notamment de construire et mettre en place une « boîte à outils » à destination de l’ensemble des acteurs concernés, et de structurer leur dialogue autour de cet enjeu.

Le développement de la prévention et la promotion de la santé (PPS) s’est affirmé au cours des dernières décennies comme une priorité de santé publique avec pour objectifs de réduire la morbidité et la mortalité évitable, de limiter les inégalités de santé et de renforcer la soutenabilité du système. Alors que de nombreuses initiatives sont prises, l’ambition de rééquilibrer l’action publique au profit de la prévention peine cependant à se réaliser.

Le soutien à la concrétisation de ce virage préventif fait partie des priorités du projet stratégique 2025-2030 de la HAS. Elle a ainsi décidé d’examiner comment mieux éclairer les décisions publiques, avant le lancement de programmes de PPS, à l’aide de données probantes. Mieux éclairer ceux qui financent de tels programmes, permet d’allouer les fonds publics de manière plus pertinente, mais aussi de lever un frein au déploiement de tels programmes, en rassurant le décideur public sur les bénéfices que la société peut en attendre.

Pour y parvenir, la HAS avance ainsi deux axes d’amélioration : la constitution et la mise à disposition d’une « boîte à outils » pour accompagner les acteurs dans l’identification et la mobilisation des données probantes et la conduite des évaluations, d’une part, et la structuration d’un espace national de dialogue autour de ce sujet, d’autre part. Cette analyse s’adresse à tous les acteurs de la prévention et de la promotion en santé, aux niveaux local et national y compris en dehors du secteur sanitaire.

 

Outiller les acteurs avec un cadre de référence et un guide pratique

Pour renforcer la prise en compte des données probantes dans la décision il est primordial d’homogénéiser les niveaux de connaissance et de favoriser le développement d’une véritable culture commune de l’évaluation. La HAS souligne la nécessité de mettre en place un cadre de référence, fournissant aux acteurs les repères théoriques et méthodologiques nécessaires pour appréhender l’évaluation et les données probantes. Ce cadre doit être suffisamment adaptable pour s’appliquer à la diversité d’interventions en prévention et promotion de la santé (programmes nationaux d’envergure ou d’initiatives locales plus ciblées, de l’intervention sur le comportement individuel à l’approche basée sur les conditions de vie) et aider les acteurs à identifier et comprendre les données probantes nécessaires et suffisantes à la décision (efficacité de l’intervention, évaluation économique, reproductibilité et transférabilité, mesure des externalités).  

La « boîte à outils » comprendrait également un guide permettant la conduite des évaluations dans des conditions favorables. Conduire une évaluation ne suffit pas : encore faut-il la conduire au bon moment avec les bons acteurs autour de la table et donc l’anticiper suffisamment en amont de la décision de mettre en œuvre ce type d’intervention afin d’en calibrer le budget.

 

Un dialogue à structurer davantage

Pour renforcer l’information par les données probantes dans la décision publique en prévention et promotion de la santé, le dialogue entre les acteurs constitue un autre levier majeur. Il permet de clarifier et définir les objectifs, cibler les besoins en données probantes pour éviter les redondances, éclairer l’interprétation des résultats et mutualiser les efforts. La HAS préconise de créer un espace de dialogue et d’intermédiation autour des données probantes en prévention et promotion de la santé, s’inspirant du Centre Australien de Partenariat pour la Prévention qui joue un rôle de pont stratégique entre science et politique pour une approche systémique de la prévention des maladies chroniques. Cet espace pourra se mettre en place à différents niveaux de la décision (national, en territoire…) et devra être ouvert à un large panel d’acteurs, y compris en dehors du secteur sanitaire (environnement, éducation, urbanisme…), pour favoriser la santé dans toutes les politiques et avoir un impact réel.

La prochaine note d’analyse prospective de la HAS sera publiée début 2026. Elle s’intéressera à la robotique sociale.

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