Troubles mentaux : fluidifier la coordination des prises en charge

Article HAS - Mis en ligne le 30 nov. 2018 - Mis à jour le 12 juin 2019

Si le médecin généraliste prend en charge un patient atteint de troubles mentaux, certaines situations peuvent nécessiter l’avis d’un professionnel spécialisé en santé mentale. C’est le cas, par exemple, devant une dépression grave ou résistante chez un patient connu ou devant une pathologie psychiatrique sévère chez un patient non connu. Afin d’améliorer la prise en charge des patients souffrant de troubles mentaux, la HAS publie un guide pour aider à organiser une coordination fluide entre le médecin généraliste et les autres acteurs de soins. Ce guide propose des repères et des outils pour aider les professionnels à identifier les ressources disponibles, à échanger et partager les informations, à accéder à un avis diagnostic, thérapeutique, à un adressage et à assurer un suivi conjoint. Explications du Dr Marielle Lafont et d’Amélie Prigent*, du service évaluation de la pertinence des soins et amélioration des pratiques et des parcours à la HAS.

Lorsque le médecin généraliste souhaite un avis spécialisé en psychiatrie et en santé mentale, comment identifie-t-il les professionnels ressources ?

Lorsqu’un médecin généraliste veut avoir recours à un psychiatre, un psychologue libéral ou une équipe de psychiatrie, il peut s’aider des annuaires de ressources existants s’il ne dispose pas d’un réseau suffisant (voir encadré).

 

Lors d’une demande de première consultation psychiatrique, quels éléments le médecin généraliste transmet-il ?

Dans le courrier adressé au psychiatre, le généraliste précise certains éléments comme le motif du recours (sous forme de question), les éléments symptomatiques et hypothèses diagnostiques, les attentes relatives aux modalités de suivi partagé, les pistes thérapeutiques, les antécédents médicaux et les traitements en cours. En cas d’urgence, si une hospitalisation est nécessaire, il rédige une lettre de liaison à l’entrée qui inclut notamment les motifs de la demande d'hospitalisation, les traitements en cours et les allergies connues.

Dans tous les échanges, les informations sont transmises par écrit, par messagerie sécurisée ou par tout moyen garantissant la confidentialité des informations. Un courrier est également remis au patient (ou à son tuteur) et versé à son dossier médical partagé s’il existe.

 

Suite à l’avis spécialisé, quels sont les éléments dont le médecin généraliste a besoin pour assurer la prise en charge ?

Le courrier du psychiatre précise la réponse aux questions du généraliste et propose notamment un avis diagnostique, un projet de soins et une prescription médicamenteuse. En cas d’hospitalisation, la lettre de liaison à la sortie, rédigée par le praticien qui a pris en charge le patient, contient les informations qui permettent la continuité des soins : motif d’hospitalisation, synthèse médicale du séjour, traitements prescrits à la sortie et arrêtés pendant le séjour. Elle aborde également les suites à donner : actes prévus et à programmer, recommandations et surveillances particulières.

 

Lorsqu’un patient est pris en charge par des professionnels spécialisés en santé mentale, comment ceux-ci peuvent-ils identifier et joindre le médecin traitant ?

Si le patient a désigné un médecin traitant, les professionnels spécialisés renseignent, avec l’accord du patient, ses coordonnées dans le dossier médical. Si le patient n’a pas désigné de médecin traitant ou s’il refuse de communiquer ses coordonnées, ils l’informent sur les risques qu’il encourt pour sa santé, l’encouragent et éventuellement l’aident à trouver un médecin traitant. Il est essentiel que le médecin généraliste facilite la prise de rendez-vous pour ces patients et accepte si possible d’être désigné comme médecin traitant.

 

Quelles sont les informations que les professionnels spécialisés fournissent au médecin généraliste ?

Pour assurer une continuité des soins, ils transmettent au médecin généraliste les informations sur l’histoire et le suivi psychiatrique du patient : avis, hypothèses diagnostiques, risques évolutifs, projet de soins, traitements, éléments de surveillance, etc. Ils donnent également leur avis sur l’état somatique du patient et sa prise en charge. 

 

Quelles sont les modalités de collaboration entre le médecin généraliste et les professionnels spécialisés en psychiatrie et santé mentale ?

En associant le patient (ainsi que sa famille et ses proches s’il en est d’accord), tous les professionnels impliqués dans sa prise en charge, définissent ensemble les rôles de chacun des acteurs. Cette démarche inclut notamment le pharmacien d’officine, le chirurgien-dentiste et l’infirmier libéral. Les modalités de communication, de prévention et de gestion des situations de crise ou d’urgence sont définies de façon partenariale. Ce travail d’équipe peut être régulièrement évalué dans une logique d’amélioration continue.

 

La prise en charge, par le généraliste, des patients non-demandeurs de soins psychiatriques

Lorsqu’il est confronté à un patient qui refuse des soins psychiatriques, le généraliste va s’évertuer à le convaincre en s’appuyant, avec son accord, sur sa famille et ses proches. Il a aussi la possibilité d’échanger avec des professionnels spécialisés en santé mentale, voire de les solliciter pour mettre en place des consultations conjointes.

Si les troubles mentaux du patient rendent impossible son consentement et que son état mental impose des soins immédiats tels que définis dans l’article L3212-1 du code de la santé publique, des soins psychiatriques sans consentement constituent un dernier recours.

 

Coordination en santé mentale 

Outils et repères

 


 



* Propos recueillis par Arielle Fontaine & Citizen press – HAS