Le dossier de liaison d’urgence : essentiel pour le suivi du patient âgé dépendant

Web page - Posted on Mar 05 2018 - Updated on Jun 12 2019

Chaque résident en établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) doit disposer d’un dossier de liaison d’urgence mis à jour et accessible 24h/24. Explications du Dr Albert Scémama, du service maladies chroniques et dispositifs d’accompagnement des malades à la HAS.

 

À quoi sert le dossier de liaison d’urgence ?

Le dossier de liaison d’urgence (DLU) contient les informations administratives, médicales et de soins essentielles pour que les soignants puissent prendre en charge, en urgence, un patient âgé résidant dans un Ehpad. « Les premières études réalisées montrent que l’utilisation du DLU permet de diminuer les hospitalisations non programmées inappropriées ou potentiellement évitables, notamment certaines hospitalisations de nuit qui désorientent et fragilisent les personnes âgées », indique le Dr Scémama. Le DLU est aussi un support de communication entre le soignant non médecin prenant en charge une urgence dans l’Ehpad et le médecin régulateur du Samu-Centre 15.

 

Quelles informations doit-il contenir ?

Le DLU se compose de deux documents distincts : le document de liaison d’urgence et la fiche de liaison d’urgence.
Le document de liaison d’urgence est une synthèse du dossier médical du patient. Il comprend les coordonnées du résident, ses antécédents et allergies, son état de santé fonctionnel et psychique, etc. Il contient la checklist de tous les documents qui doivent être annexés au DLU (ordonnances en cours, résultats récents de biologie, etc.).
Le DLU contient les coordonnées de la personne de confiance désignée par le résident, une copie de ses directives anticipées, ainsi qu’une indication « en soins palliatifs » signifiant que selon l’avis du médecin traitant les soins de confort sont à privilégier. « Le médecin urgentiste en tiendra compte pour établir sa stratégie thérapeutique », indique le Dr Scémama.

La fiche de liaison d’urgence comprend deux volets :

Fleche au recto, le document de transfert de l’Ehpad vers le service d’urgence. Il précise le motif du transfert aux urgences, les constantes observées, les noms des personnes informées du transfert, etc. ;

Fleche au verso, le document de retour du service d’urgence vers l’Ehpad précise le diagnostic établi aux urgences et les traitements entrepris. Il comprend en annexe la copie du dossier des urgences et les ordonnances de sortie. Il facilite la continuité des soins pour le résident de retour dans son Ehpad.

 

Quand le dossier de liaison d’urgence doit-il être créé ?

Un DLU doit être constitué, au plus tôt, dès l’entrée du résident en Ehpad. On constate en effet une augmentation du risque d’hospitalisation en urgence chez les résidents nouvellement admis, en raison, notamment, du stress généré par ce changement de cadre de vie. Le médecin coordonnateur en Ehpad doit s’assurer de la création et de la mise à jour du DLU.

 

Qui remplit le DLU ?

En dehors des situations d’urgence, le document de liaison d’urgence est rempli et mis à jour par le médecin traitant, en lien avec le médecin coordinateur et les infirmiers de l’Ehpad.
En situation d’urgence, le document de transfert de l’Ehpad est rempli par le soignant présent. Il est conçu pour que les aides-soignants, souvent en charge des patients la nuit, puissent le remplir aisément.
Le document de retour en Ehpad est rempli par un soignant du service des urgences et validé par le médecin qui a signé la sortie du résident.

Le Guide d’utilisation du dossier de liaison d’urgence précise par ailleurs comment gérer au mieux les situations d’urgence en Ehpad et optimiser les transferts d’information entre les professionnels de santé de l’Ehpad et les soignants du service des urgences.

Une copie papier du DLU doit accompagner tout résident transféré vers un service des urgences. À terme, le DLU devrait être transféré par messagerie sécurisée et porté par le DMP.

Le DLU est aussi un outil pour la réduction des hospitalisations non programmées inappropriées ou potentiellement évitables des résidents des Ehpad. À ce titre, la HAS a édité conjointement au DLU, une fiche points clés sur « Comment réduire les hospitalisations non programmées des résidents des Ehpad ».

Propos recueillis par Arielle Fontaine – HAS

 

__________

Article publié à l'origine en novembre 2015, mis à jour en mars 2018.

 

Le DLU en 3 dates

Mai 2008 : première version du DLU introduit par la circulaire interministérielle du 13 mai 2008 relative aux nouvelles dispositions du plan national canicule. Il a été élaboré par la DGAS en concertation avec le Samu de France, l’Association des médecins urgentistes de France et la Fédération française des associations de médecins coordonnateurs en Ehpad.

2012 : seconde version publiée en annexe du Guide méthodologique de la DGOS pour l’organisation des filières AVC. Cette version est élaborée en concertation avec la Société française de médecine d’urgence et la Société française de gériatrie et gérontologie.

2015 : nouvelle version du DLU par la HAS, en collaboration avec l’Anesm. Objectif : Faciliter le transfert des informations strictement nécessaires et utiles à la prise en charge d’un résident en urgence. Structurer le DLU pour faciliter sa mise à jour régulière, y compris en l’absence de dossier patient  informatisé, en particulier en évitant les recopies des traitements et de la grille Aggir, etc. De plus, la fiche de transfert de l’Ehpad a été conçue pour pouvoir être remplie par un aide-soignant.

See also