Cancer broncho-pulmonaire : le parcours de soins doit préserver en priorité une qualité de vie

Article HAS - Mis en ligne le 15 avr. 2018 - Mis à jour le 12 juin 2019

En France, les cancers broncho-pulmonaires constituent la première cause de mortalité toutes causes confondues chez l’homme entre 45 et 64 ans et la seconde cause de mortalité par cancer chez la femme, après celui du sein. Le pronostic est corrélé au caractère résécable ou non de la tumeur, au stade de la maladie, au type histologique, à la rapidité de la prise en charge et à l’état général du malade.
Le parcours des patients prévoit un suivi qui donne la priorité au respect d’une qualité de vie du patient et de ses proches et se poursuit « à vie » dans les cas d’évolution favorable. Explications du Dr André Morin* du service maladies chroniques et dispositifs d’accompagnement des malades à la HAS. 
 

Quelles sont les circonstances de découverte d’un cancer broncho-pulmonaire ?

Le plus souvent, le diagnostic de cancer broncho-pulmonaire est évoqué devant la présence ou la persistance de symptômes respiratoires (toux, dyspnée, hémoptysie, etc.), en particulier chez un fumeur ou un ancien fumeur. Mais l’absence de facteur de risque, dont le principal est un tabagisme actif ou passif, n’en exclut pas l’éventualité. D’autres signes peuvent être révélateurs, notamment une symptomatologie extra-pulmonaire liée à une métastase (cérébrale, osseuse, hépatique) ou à un syndrome paranéoplasique. La découverte peut également être fortuite sur une imagerie réalisée pour une autre indication.

Quels sont les examens préconisés pour le diagnostic ?

S’il y a suspicion de cancer broncho-pulmonaire, une imagerie est réalisée dans les meilleurs délais : radiographie thoracique, puis scanner thoracique, avec en l’absence de contre-indication, injection de produit de contraste. Le diagnostic repose sur l’examen anatomopathologique de biopsies prélevées chaque fois que possible lors d’une fibroscopie. Le compte rendu anatomopathologique précise notamment le type histologique de la tumeur :
 • cancer broncho-pulmonaire à petites cellules (CBPC) ;
 • cancer broncho-pulmonaire non à petites cellules (CBNPC) avec précision du sous-type chaque fois que possible.
Un bilan d’extension précise la taille et l’extension locorégionale de la tumeur (T), la présence de métastases ganglionnaires (N) ou de métastases thoraciques ou extrathoraciques (M). Ces éléments permettent une classification par stades (TNM) qui influence la stratégie thérapeutique. 

Cancer poumon normal

 

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infographie : Pascal Marseaud

Quels sont les professionnels impliqués dans la prise en charge ?

En cas d’anomalie radiologique thoracique ou de forte suspicion clinique de cancer malgré une imagerie normale, il est essentiel d’organiser dans les plus brefs délais une consultation spécialisée : pneumologue, oncologue, chirurgien thoracique...
La prise en charge spécialisée permet de confirmer le diagnostic et d’en faire l’annonce au patient. L’implication de celui-ci est essentielle. En tenant compte de ses capacités, elle comporte notamment une évaluation de ses besoins en soins de support et sur le plan social. Le patient est informé de la possibilité de choisir une personne de confiance et de rédiger des directives anticipées. Le médecin traitant assure les soins en ambulatoire et en particulier les traitements symptomatiques, en lien avec l’équipe spécialisée en soins de support et soins palliatifs.

Quels sont les objectifs du parcours d’un patient atteint de cancer broncho-pulmonaire ?

Dans les parcours de soins en cancérologie, l’accent est mis aujourd’hui sur la préservation d’une qualité de vie du patient et de sa famille qui constitue un objectif permanent dès le début de la prise en charge et durant toute la durée de la maladie et du suivi. Elle doit être prise en compte pour déterminer les stratégies thérapeutiques comportant une offre de tous les soins de support appropriés, y compris les soins palliatifs mis en oeuvre de façon anticipée dès que nécessaire. L’anticipation du soulagement des symptômes physiques (douleur, déficits fonctionnels, nutrition, etc.), des souffrances psychologiques et existentielles et des difficultés sociales doit être constante. 

En quoi consiste le traitement ?

La stratégie thérapeutique dépend du type histologique : CBNPC ou CBPC, et éventuellement des anomalies moléculaires, de l’extension de la maladie, de l’âge, de l’état général et des comorbidités du patient.
Définie en réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP), elle est discutée avec le patient et en lien avec le médecin traitant chaque fois que possible.
• Pour les CBNPC, le traitement curatif comporte une exérèse chirurgicale, éventuellement associée à une chimiothérapie et/ou à une radiothérapie.
• Pour les CBPC, la chirurgie a peu de place. Le traitement repose surtout sur la chimiothérapie qui est associée à la radiothérapie thoracique chez les patients non métastatiques.

La participation à des essais thérapeutiques appropriés est encouragée.
Les traitements symptomatiques comportent principalement une prise en charge de la douleur, de l’état psychologique (tristesse, dépression…), de l’état nutritionnel et des symptômes liés aux métastases.
Les soins palliatifs sont délivrés en institution ou à domicile. La mise en oeuvre d’une prise en charge de fin de vie est discutée avec le patient et/ou avec ses proches et anticipée dès que nécessaire. Le tabac majore notamment le risque de complications des traitements et de second cancer. Son arrêt étant primordial, il est donc nécessaire d’encourager et d’accompagner le sevrage tabagique.

Quel est le rôle du médecin généraliste dans la prise en charge de ce cancer ?

Le rôle du médecin généraliste est essentiel à tous les stades du parcours du patient en lien avec l’équipe spécialisée : diagnostic, traitement en ambulatoire, en particulier les traitements symptomatiques et éventuellement les soins palliatifs à domicile, suivi partagé après rémission complète.
Une coordination étroite entre les intervenants de proximité articulée autour du médecin traitant est indispensable. La place des aidants dans le parcours de soins est habituellement déterminante.

* Propos recueillis par Arielle Fontaine – HAS

 

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Article publié à l'origine le 15/04/2016, mis à jour le 15/04/2018

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